Tchéquie : le Premier ministre sera-t-il traduit en justice ?
Surprenant revirement dans l'affaire du complexe hôtelier 'Nid de cigognes', dans laquelle l'actuel Premier ministre tchèque, Andrej Babiš, est accusé de fraude aux subventions européennes : le procureur chargé de l'enquête entendrait renoncer à la porter devant les tribunaux. Cette décision, qui contredit les résultats de l'enquête diligentée par l'UE, n'est toutefois pas définitive. Les médias tchèques se montrent sceptiques.
L'UE entend la chose d'une autre oreille
Echo24 souligne que contrairement au parquet de Prague, l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) est convaincu de la culpabilité de Babiš :
«Le 'Nid de cigognes' appartenait à une grande entreprise et n'avait pas le droit de solliciter de subventions. Du point de vue de l'OLAF, le bénéficiaire a utilisé l'argent pour le nid de cigognes en violation des directives, nuisant ainsi aux intérêts de l'UE et du contribuable. Le constat établi par l'OLAF est définitif et la Commission européenne a demandé le remboursement des fonds. La République tchèque aurait certes pu porter plainte devant la Cour de justice de l'UE, mais elle a choisi de ne pas recourir à cette possibilité.»
Le pays pourrait redorer son blason
Právo y voit un tournant :
«Si Babiš s'avérait être innocenté, ce serait une bonne nouvelle pour tout le monde. L'image de la République tchèque à l'étranger s'en trouverait améliorée et le mouvement ANO de Babiš verrait affluer les partenaires de coalition potentiels, alors que ceux-ci rechignaient jusque-là à pactiser avec un Premier ministre faisant l'objet de poursuites judiciaires. On pourrait voir l'émergence d'un cabinet majoritaire, qui ne soit pas tributaire du soutien des partis d'extrême gauche ou d'extrême droite. ... Mais pour qu'une telle idylle soit possible, il faut que la réhabilitation du Premier ministre se déroule de manière crédible et transparente.»