Espagne : pourquoi Sanchéz a-t-il une dent contre Podemos ?
Quatre mois et demi après les législatives, l'Espagne est toujours sans gouvernement. Pedro Sánchez, chef de file des socialistes vainqueurs du scrutin, est tributaire des voix du parti de la gauche radicale Podemos pour pouvoir être élu Premier ministre. Podemos réclame des portefeuilles ministériels, mais Sánchez est opposé à une coalition avec eux. La tenue d'un nouveau scrutin se profile. Les commentateurs se demandent pourquoi Sánchez freine des quatre fers.
Traiter les partenaires en puissance avec plus d'égards
La Vanguardia n'a pas de doute quant aux responsables de la débâcle :
«Il est vrai que les circonstances sont défavorables, que Pedro Sanchez est prisonnier d'un labyrinthe diabolique et que la logique électorale a morcelé le paysage politique. Dans ces conditions, former une majorité s'apparente à un travail de titan. On ne peut reprocher au dirigeant socialiste la difficulté de la tâche qui se présente. Or si on ne peut pas le tenir pour responsable des circonstances, on peut néanmoins dire que sa gestion de la situation a été néfaste. Le PSOE ne peut pas passer son temps à invectiver Podemos. En effet, c'est à lui qu'incombe la responsabilité de trouver un partenaire de coalition ... Si nouvelles élections il devait y avoir, le PSOE et lui seul en serait responsable. Car on ne peut fustiger sans relâche un partenaire de coalition dont on attend le soutien.»
La main de Bruxelles ?
Peut-être que le PSOE et Podemos ne peuvent s'entendre en raison de pressions extérieures, peut-on lire dans El País :
«Certains prétendent que le nouveau gouvernement italien est en partie le résultat de pressions du G7 et de Bruxelles, en vue de proscrire le péril néofasciste. On entend dire également que ces mêmes instances ont mis leur veto à Sanchez lorsque celui-ci a voulu inclure Podemos au Conseil des ministres. ... Ceci expliquerait davantage qu'une antipathie personnelle la défiance mutuelle que se vouent Sánchez et Iglesias. ... La seule solution raisonnable si l'on veut former un gouvernement stable et progressiste passe néanmois par une coalition. Si celle-ci ne voyait pas le jour, Sánchez serait l'unique responsable.»