Incendie de 'Colectiv' en Roumanie : un drame sans effets ?
La Roumanie est également confrontée aux conséquences d'un incendie meurtrier : quatre ans se sont écoulés depuis le drame survenu à Bucarest dans la boîte de nuit Colectiv, qui avait coûté la vie à 64 personnes, le 30 octobre 2015. Rien que dans la capitale roumaine, 3 000 personnes ont rendu hommage aux victimes mercredi soir. Les médias sont consternés par l'inaction des autorités pendant tout ce temps.
La Roumanie, Etat failli
Ce drame est révélateur de la politique roumaine, analyse l'hebdomadaire Revista 22 :
«Comme tout est 'réglé' sur la base de relations d'intérêts, très souvent au sein de castes ou de clans, que ce soit dans la justice, la police, la santé ou l'armée, l'Etat roumain ne peut compter sur des procédures neutres et impersonnelles. La manière dont se déroulent les procédures publiques illustre toute la différence entre la civilisation d'un pays libre et la servitude d'un Etat failli. Des cas comme le drame de Colectiv illustrent clairement que ces procédures n'existent pas, ou, le cas échéant, qu'elles ne sont pas respectées, voire qu'elles sont occultées par la hiérarchie.»
L'indifférence laisse la Roumanie en incandescence
De nombreux lieux publics restent dépourvus de mesures de lutte contre les incendies, déplore la journaliste Anda Simion sur le site republica.ro :
«Quatre ans après le drame de 'Colectiv', à chaque fois que je passe la porte du centre commercial de la ville, je suis accueilli par des pancartes me disant : 'Ce lieu ne bénéficie pas d'une protection incendie valide'. ... C'est comme aller à confesse : on reconnaît ses pêchés et l'on est pardonné - on a de nouveau les mains propres. Tout visiteur entant dans ce centre commercial est ainsi informé qu'il pénètre dans un lieu où personne ne se porte garant de sa sécurité. Cette pancarte idiote est une métaphore de la Roumanie. ... Si l'incendie de Colectiv a été éteint, la Roumanie reste incandescente - en raison de l'indifférence de tous.»