Nouvelle visite en Chine : Macron fait-il le bon choix ?
Depuis lundi, le président français Emmanuel Macron, accompagné d'une délégation de chefs d'entreprise, effectue une visite officielle en Chine et compte y signer une quarantaine d'accords commerciaux. Il est en outre accompagné par le commissaire européen à l'agriculture, Phil Hogan, et par des représentants d'autres gouvernements européens. Si l'offensive de charme de Macron est plutôt bien accueillie par la presse, certains éditorialistes ne sont toutefois pas tendres avec lui.
L'amorce d'une nouvelle politique avec l'Asie
Handelsblatt voit dans la visite de Macron la volonté de l'Europe de s'affirmer face à la Chine :
«Le conseiller Europe et G20 du président, Clément Beaune, a récemment présenté comment la France comptait s'y prendre : en combinant 'des éléments de confrontation et de coopération'. ... En accord avec le gouvernement allemand, Macron fournit désormais la preuve de la volonté de l'UE de défendre la souveraineté européenne. ... Macron ne veut ni d'une guerre commerciale avec les Etats-Unis, ni de l'attitude de soumission affichée jusqu'à présent. L'UE est en train de définir une nouvelle politique orientale en tissant de nouvelles relations avec la Chine. ... Il y a 30 ans, une combinaison comparable de coopération et de confrontation avait eu raison de murs pourtant censés tenir éternellement.»
Une mauvaise stratégie à long terme
Macron pense à trop court terme, critique Le Figaro :
«Lorsqu'on est là pour les affaires, on ne provoque pas son client en le confrontant sur les droits politiques à Hongkong ou sur l'oppression brutale des Ouïgours au Xinjiang. Ces sujets qui fâchent sont supposément réservés aux conversations privées qui ne font pas perdre la face… C'est oublier que l''empereur rouge' est engagé sur une voie autoritaire et de défi généralisé à l'Occident, auquel il veut opposer un contre-modèle, des 'routes de la soie' jusqu'à l'Internet, en exploitant ses faiblesses et ses divisions. Face à Xi, tout à son bras de fer avec Trump, la méthode douce peut porter des fruits à court terme. Mais elle installe pour longtemps un rapport de force défavorable à l'Europe.»
Un flirt avec le leader chinois le plus autoritaire depuis Mao
Rzeczpospolita émet lui aussi des réserves quant à la stratégie du président français :
«Macron, qui s'est lui-même bombardé leader du camp démocratique libéral, n'a pas trouvé, en l'espace de deux ans, le temps de se rendre en Pologne, invoquant des atteintes à l'Etat de droit. Il rencontre pourtant pour la sixième fois Xi Jinping, le leader chinois le plus autoritaire depuis Mao. ... La visite de Macron pourrait éveiller le sentiment chez les Chinois qu'il y a d'autres partenaires commerciaux que les Etats-Unis sur lesquels ils peuvent compter, et qu'ils ne sont pas obligés de faire de concessions à Donald Trump. Le risque est plus grand encore, car Macron voudrait donner l'impression qu'il est en Chine en tant que représentant de la France, mais aussi comme émissaire de l'UE dans son ensemble.»