La Russie et l'Ukraine signent un nouvel accord gazier
La Russie et l'Ukraine ont conclu un nouvel accord quinquennal sur le transit de gaz à destination d'Europe de l'Ouest. La Russie accepte une amende contractuelle s'élevant à trois milliards de dollars, en contrepartie de quoi l'Ukraine renonce à d'autres revendications. Une guerre du gaz comme celle qui avait opposé les deux pays il y a onze ans a ainsi été écartée. Les commentateurs voient globalement l'accord de façon positive.
Un deal avantageux pour tout le monde
Kommersant récuse l'opinion, courante en Russie, selon laquelle l'accord sur le gaz serait un échec pour Moscou :
«Dans l'opinion, ce type de négociations sur le gaz sont souvent considérées comme un jeu à somme nulle, suivant la logique : un gain pour l'Ukraine - Kiev a toutes les raisons d'être satisfaite de cet accord - est nécessairement synonyme de perte pour la Russie. Le principe 'je fais exprès de m'enrhumer pour énerver ma mère' a failli entraîner un nouveau conflit sur le gaz. Il est vrai que l'Ukraine conserve son système d'acheminement du gaz et continue d'en tirer des bénéfices - même s'ils sont moindres que jusqu'ici. Mais si Gazprom livre en Europe davantage de gaz, accueilli à bras ouverts par les Européens, au final, Gazprom y gagne aussi. S'il y a des perdants dans ce jeu, ce ne sont sûrement pas les parties au contrat.»
Les recettes d'exportations priment sur les jeux de pouvoir
Selon Vedomosti, la conclusion de l'accord montre que le gaz naturel n'est plus pour la Russie le moyen de pression politique qu'il a pu être par le passé :
«Le gaz naturel est pour la Russie plus qu'un produit d'exportation important : il s'agit d'un instrument auquel la direction de l'Etat a maintes fois recouru pour résoudre des questions d'ordre purement politique. ... En 2009, l'amalgame entre politique et économie sur la question du gaz a coûté cher à la Russie. ... La suspension pendant quelques semaines du transit via l'Ukraine a définitivement transformé la politique énergétique du continent. La part de marché du gaz liquide ne cessant de croître, Gazprom ne peut plus se permettre de se comporter en gangster sans états d'âme et Moscou de menacer de couper le robinet de gaz.»
Poutine a roulé les Etats-Unis
Le nouvel accord de transit est une bonne nouvelle pour l'Europe et un revers pour les Etats-Unis, lit-on dans le quotidien pro-russe Douma :
«Une fois de plus, la Russie a montré à l'Europe qu'elle était un fournisseur d'énergie sur lequel on pouvait compter. Pour les Etats-Unis en revanche, qui veulent limiter les livraisons de gaz russe en Europe, l'acheminement via l'Ukraine est un revers. Outre le gazoduc déjà achevé 'Turkish Stream' et celui, quasi achevé, 'Nordstream 2', une part de l'approvisionnement en gaz de l'Occident passe encore par l'Ukraine. ... Poutine a bien roulé les Etats-Unis. A ceci s'ajoute que les nouvelles sanctions américaines contre 'Nordstream 2' présentent sous un jour défavorable les pays impliqués, l'Allemagne la première.»