L'acquittement pour des militants écologistes à Lausanne
En Suisse, le tribunal du district de Renens, près de Lausanne, a innocenté douze militants pour la défense du climat accusés de violation de domicile. En novembre 2018, ils avaient occupé une filiale de Crédit Suisse et simulé une partie de tennis. Une allusion à Roger Federer, ambassadeur de cette banque, dont l'image positive contribuerait selon eux à masquer les placements de l'établissement qui nuisent au climat. Un verdict juste ?
Un précédent dangereux
Pour des raisons de principe, Neue Zürcher Zeitung juge désastreuse la relaxe des militants écologistes :
«Car bien que leur action ait été inoffensive, la logique qui sous-tend leur acquittement est pernicieuse. En démocratie, invoquer un objectif moral supérieur pour légitimer des infractions à la loi motivées politiquement est une erreur qui ne devrait jamais être prise à la légère. Faute de quoi n'importe quel quidam pourrait dorénavant se placer au-dessus des lois en invoquant un état d'urgence. ... Ces dernières années, à plusieurs reprises, des gouvernements ou des groupes politiques ont justifié leurs actions au mépris de l'ordre juridique démocratique en invoquant l'état d'urgence ou la légitime défense. Loin d'être 'magnifique', leur action a été calamiteuse.»
La reconnaissance d'une cause légitime
Le Courrier, pour sa part, voit dans le jugement un signe d'espoir pour tous ceux qui s'investissent pour l'avenir de l'humanité :
«Aujourd'hui, plus personne, pas même un joueur de tennis dépolitisé, ne peut ignorer les impacts de la place financière sur le climat. Grâce à la communication habile des activistes, la tenue du procès a fait le tour de réseaux sociaux et a retenti au-delà des frontières. La reconnaissance par la justice de l'urgence climatique et de son danger imminent donne un sursaut d'espoir pour un changement politique radical, qui doit avoir lieu dès maintenant et partout dans le monde. En Suisse, le verdict prononcé ce lundi à Renens donne le la pour les nombreux procès d'activistes du climat à venir. Il donne une légitimité à celles et ceux qui s'engagent pour assurer un avenir décent à l'humanité.»