Italie : Luigi Di Maio démissionne de la tête du M5S
Juste avant les régionales en Emilie-Romagne et en Calabre, Luigi Di Maio a annoncé sa démission de la tête du M5S. Il restera par contre ministre des Affaires étrangères. Les médias discutent des raisons de cette décision surprenante et s'interrogent sur la solidité de la coalition gouvernementale italienne.
Une démission préventive
La crainte d'une débâcle aux régionales de dimanche était trop forte, commente La Repubblica :
«La démission de Di Maio intervient la veille des élections en Emilie-Romagne et en Calabre, tel un sombre présage. Une posture singulière, car on démissionne généralement après une défaite, et pas avant. Mais dans ce cas, le M5S est si mal en point que la déroute paraît certaine. C'est pourquoi Di Maio a préféré agir par anticipation. Peut-être dans l'espoir, notamment, de tirer les électeurs de leur apathie, en leur promettant un renouvellement global - et assez mystérieux - du mouvement.»
Vers un naufrage de la coalition italienne ?
Corriere del Ticino craint que la manoeuvre de Di Maio ne menace le gouvernement italien :
«Luigi Di Maio affirme qu'il se retire de la tête du mouvement mais qu'il poursuivra le combat, en dépit du coup de poignard dans le dos qu'il affirme avoir reçu. De mauvaises langues affirment que le jeune leader, confronté à l'érosion du consensus au sein du parti et dans la perspective des régionales de dimanche, a préféré lâcher la barre pour ne pas avoir à répondre d'une possible énième débâcle électorale. Avec un partenaire de coalition aussi inconsistant, c'est tout le gouvernement qui risque de faire naufrage.»
Les opportunistes ne peuvent gouverner
Le sort de Di Maio est emblématique de celui de tout le M5S, commente Süddeutsche Zeitung :
«Dans leur lutte contre l'establishment, les politiques de métier et les élites, les membres du M5S courent le risque de disparaître comme des étoiles filantes. Leur arbitraire idéologique - une force dans l'opposition - devient une faiblesse au pouvoir. Ils se sont alliés avec l'extrême droite puis avec les sociaux-démocrates ; ils fustigent l'Europe puis en relativisent les torts ; ils sont hostiles aux réfugiés puis leur sont favorables. Les électeurs se détournent d'eux. Et Di Maio, 33 ans, qui se targuait de son inexpérience et en faisait une vertu, prend conscience de la vitesse avec laquelle on devient obsolète dans l'Italie d'aujourd'hui.»
Le M5S, artisan de sa propre déliquescence
Les problèmes structurels internes et la coalition avec le PD ont scellé le sort de Di Maio et de son parti, analyse le politologue Mattia Zulianello sur Blog Europp :
«Faute de mécanismes capables de gérer correctement les conflits en interne, le parti s'est trouvé dans l'impossibilité d'expliquer de façon crédible les raisons, les attentes et les avantages de son repositionnement stratégique. Le M5S n'a pas su relayer un message cohérent et constant, et le chaos au sein du parti n'a fait que lui compliquer la tâche. ... On en constate les effets aujourd'hui : un parti dépourvu d'orientation claire, miné par les luttes intestines et une série de débâcles électorales.»