SAS : la publicité qui dérange
Un spot publicitaire de la compagnie aérienne scandinave SAS suscite l'indignation, notamment sur les réseaux sociaux. Il promeut l'échange par le voyage et se félicite de l'enrichissement de la culture scandinave par de nombreux apports étrangers. Il indique par exemple que la fête de la Saint-Jean et la viennoiserie danoise seraient des 'importations'. SAS a temporairement retiré la vidéo d'Internet, et accuse l'extrême droite d'être à l'origine de cette levée de boucliers. Les médias estiment que la compagnie a touché à un sujet sensible
Naïveté ou provocation ?
Svenska Dagbladet se demande comment la compagnie a pu se fourrer dans pareil guêpier :
«Si les esprits sont aussi échauffés, c'est probablement parce que la compagnie a envoyé le message implicite suivant, dans la même veine que ce qu'avait un jour déclaré l'ex-Premier ministre Fredrik Reinfeldt : 'Le Suédois pur souche avait tout du barbare, la civilisation nous est venue de l'extérieur'. La fierté nationale et régionale sont des questions sensibles et douloureuses. Et la 'guerre des cultures' que nous connaissons aujourd'hui, pas seulement en Scandinavie, repose précisément sur cette identité. Est-il possible que SAS ait eu aussi peu d'intuition ? Ou a-t-elle délibérément choisi la provocation en survolant un terrain miné ?»
Les trolls rient sous cape
Aftonbladet partage l'analyse de SAS, à savoir que l'extrême droite - russe, probablement - est à l'origine de cette vague d'indignation :
«La Suède s'est certes développée grâce à ses nombreuses inventions et innovations. Mais elle doit également son essor aux conceptions et influences venues d'ailleurs. Notre pain au hareng national ne nous aurait pas menés bien loin. On ne sait pas exactement qui sont ces amis autoproclamés de la Suède, mais une chose est sûre : tous ceux qui se disent prêts à embrasser la cause de Poutine n'ont rien écouté en cours d'histoire, ou ont l'intention de nuire à notre pays. Nous avons la responsabilité de nous demander qui est susceptible de tirer parti des contenus que nous mettons en ligne. SAS n'aurait jamais dû avoir à retirer sa publicité. ... Ce n'est que lorsque les trolls attaquent que l'on devrait songer à protéger le pays.»
Une identité nationale offre des repères
Le quotidien progouvernemental hongrois Magyar Nemzet y voit l'occasion de défendre "l'identité nationale" :
«Si on accepte l'argument défendu par SAS, alors la notion de patrie devient accessoire et vide de sens. ... Si nous ne montrons pas aux nouveaux arrivants le bon exemple, comment attendre d'eux qu'ils se comportent correctement ? Dans ces conditions, un immigré, même honnête et vertueux, aura toutes les difficultés à adopter des habitudes qui ne lui sont pas familières. Les enfants n'apprennent même pas la langue parce que ce n'est pas ce que l'on attend d'eux. Alors ils ne deviennent pas des Suédois, des Danois ou des Norvégiens, mais des étrangers, des personnes errantes, sans racines ni histoire.»