Roumanie : la presse ne veut pas d'avantages fiscaux
En Roumanie, la Chambre des députés a adopté une loi qui affranchit les journalistes et les techniciens de l'audiovisuel de l'impôt sur le revenu. Mais dans une lettre ouverte au président Klaus Iohannis, 13 journalistes de renom demandent à ce que la loi ne soit pas mise en œuvre, car elle leur confèrerait selon eux des avantages injustifiés. Les éditorialistes s'inquiètent pour l'indépendance des médias.
Une entorse supplémentaire à la réputation des journalistes
Les avantages injustifiés ne font qu'accroître la dépendance vis-à-vis des dirigeants, prévient le cosignataire Cătălin Tolontan dans Libertatea :
«L'exemption fiscale est injuste, car l'Etat tolère déjà la situation d'insolvabilité permanente de nombreuses enseignes médiatiques, alors qu'il ne le fait pas avec d'autres secteurs. La situation fausse la concurrence et crée un statut d''entreprise d'exception', tributaire par ailleurs des humeurs des politiques. ... Au lieu de donner l'aumône aux journalistes et de nuire ainsi un peu plus à leur réputation, négative depuis longtemps en Roumanie, l'Etat ferait mieux de croiser le fer avec Google et Facebook, afin que ces groupes payent des impôts sur les revenus qu'ils engrangent en Roumanie.»
Laissez-nous faire notre travail !
Au lieu de faire les yeux doux aux journaliste, les responsables politiques feraient mieux de s'atteler à améliorer la liberté de la presse et la transparence, fait valoir Gabriel Bejan sur Hotnews :
«Il y a des choses plus importantes : veiller par exemple à ce que les médias ne fassent l'objet d'aucun contrôle politique direct ou indirect ; et surtout pas la presse locale, qui est tributaire des barons politiques locaux. Il faut par ailleurs cesser de bloquer l'accès aux informations publiques et répondre aux questions en temps voulu. Enfin, les conseillers et les fonctionnaires qui travaillent au sein des institutions devraient être au moins aussi intelligents que les journalistes - et en mesure de fournir des justificatifs un tant soit peu plausibles aux politiques pour lesquels ils travaillent.»