De quel service public avons-nous besoin ?
En Grande-Bretagne comme en France, le service public est dans le viseur des critiques. Tandis que Boris Johnson a chargé son conseiller Dominic Cummings d'envisager une réforme du service public, Emmanuel Macron a présenté le rapport d'une étude qu'il avait commanditée sur une refonte de l'ENA. Les médias se demandent s'il faut administrer une cure d'amincissement au service public.
Corriger les aberrations du fonctionnariat
The Daily Telegraph pointe l'urgence qu'il y a à procéder à une réforme radicale du service public britannique :
«Il suffit d'avoir des yeux pour voir que ces institutions se sont dangereusement détachées du peuple qu'elles sont censées servir, et que le Premier ministre essaie de sauvegarder le secteur public de ses propres abus. ... Les institutions déraillent clairement, mais dans leurs structures actuelles, on ne voit pas comment les ramener dans le droit chemin. Plusieurs commissariats de police, par exemple, ont cessé d'enquêter sur les cas de cambriolage, non pas suivant une consigne du Parlement, mais parce qu'ils ont dressé leur propre liste de priorités et agissent de manière quasi-autonome, ce qui les rend pratiquement imperméables aux améliorations.»
Les hauts fonctionnaires ne sont pas le problème
Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, fait valoir l'entrepreneur Nicolas Colin dans L'Obs :
«Se focaliser à ce point sur l'ENA n'est pas à la hauteur des enjeux. Dans la transition que nous vivons aujourd'hui, notre société est bouleversée dans toutes ses dimensions. ... L'Etat, suivant notre tradition, est en première ligne : c'est à lui et à ceux qui le dirigent que nos concitoyens sont habitués à demander des comptes. Nous autres Français avons longtemps vu notre Etat comme une organisation capable d'imposer le rythme et de résoudre les problèmes les plus critiques. Mais depuis plusieurs décennies, il n'est plus au rendez-vous. Ce qui domine aujourd'hui est l'impression, anxiogène, d'une impuissance de l'administration.»