Macron impose la réforme des retraites
Suite aux négociations infructueuses à l'Assemblée nationale, le gouvernement français a eu recours à l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer son projet de loi sur la réforme des retraites, très contestée. Les commentateurs se demandent dans quelle mesure la majorité fait une entorse aux principes démocratiques.
Ce n'est pas de la démocratie
Süddeutsche Zeitung se dit extrêmement inquiet pour la tradition démocratique dans le pays :
«Pour commencer, les opposants à la réforme ont manifesté, pour certains avec violence, contre le projet de réforme, avant même d'en connaître le contenu. Ensuite, l’opposition a cherché à bloquer la loi en déposant des dizaines de milliers de demandes d'amendements. Par pure malice. A présent, le gouvernement a recours au 49.3 pour contourner le Parlement. Le fait que l'entourloupe est un instrument qui a fait ses preuves sous la Ve République n'arrange guère les choses. A l'heure où les extrêmes ont le vent en poupe, ce type d'autoritarisme constitutionnellement légitimé a un effet particulièrement délétère : il encourage une certaine forme d'opposition agressive dans laquelle les adversaires ne s'affrontent plus dans un esprit démocratique. Résultat : la réforme est bousillée et le Parlement affaibli - et Macron n'en est pas pour autant un président fort.»
Passage en force mais pas coup de force
Le recours au 49.3 est légitime et l'autoritarisme reproché au gouvernement est exagéré, estime pour sa part l'essayiste Alain Duhamel dans Libération :
«Le débat ne s'achève d'ailleurs en rien pour autant : le texte va aller au Sénat où le 49.3 n'existe pas puisque le palais du Luxembourg ne peut pas renverser le gouvernement. … Puis le texte reviendra au Palais-Bourbon. Après le 49.3, le débat continue donc. Il y a passage en force mais pas coup de force. Des amendements utiles ont été pris en compte, d'autres le seront. Le texte sera précisé, complété, amélioré et voté. Le 49.3 aura fonctionné. La démocratie parlementaire n'est pas pour autant en péril. Si Emmanuel Macron est effectivement de tempérament autoritaire, si la Ve République organise incontestablement la suprématie de l'exécutif sur le législatif, la tentation du césarisme est un mythe.»