L'Italie arrête son économie
En Italie, pays le plus durement touché par la crise du coronavirus, le gouvernement a une fois de plus durci les mesures visant à endiguer la propagation de la pandémie. Le Premier ministre, Giuseppe Conte, a ordonné ce week-end la fermeture immédiate de toutes les entreprises, à l'exception de celles qui assurent des services et des productions vitales. La presse s'interroge sur la pertinence de la décision.
Pas le moment de générer une famine
On ne peut pas suspendre l'économie comme on éteint ou rallume une lampe, rappelle La Stampa :
«S'il est facile de fermer les entreprises, il sera plus difficile de les rouvrir. A plus forte raison dans un pays comme le nôtre, qui compte beaucoup de petites entreprises et microentreprises. ... Les négociations avec les partenaires sociaux devraient avoir pour but de protéger au mieux les travailleurs. ... La reconversion des entreprises pour qu'elles puissent être utiles à la production de masques ou d'équipements de secours, mais surtout pour qu'elles poursuivent leur activité, doit être facilitée par tous les moyens. ... On n'a jamais vu dans l'histoire une telle mise à l'arrêt de l'économie, même en période de guerre. Or on ne saurait combattre une épidémie en générant une famine.»
Le gouvernement doit suivre une stratégie précise
Regina Krieger, correspondante à Rome du journal Handelsblatt, s'interroge sur la nécessité de cette mesure :
«Ne faut-il pas davantage voir dans cette annonce dramatique, faite de nuit, une concession à l'opinion publique plutôt que la preuve d'une gestion de crise transparente ? Le débat est ouvert en Italie. Le pays aura besoin de décennies pour se remettre économiquement de cette crise. La chute sera encore plus rude si l'on immobilise complètement la machine économique. Citons l'exemple des chaînes de livraison internationales. Les entrepreneurs songent aux lendemains du coronavirus, et ils ont raison de le faire. D'où viendront les liquidités, qui garantira les crédits, et quid des entreprises cotées en bourse ? Le gouvernement Conte doit justifier ses mesures sans plus tarder et dévoiler sa stratégie avec précision - pour autant qu'il en ait une.»
Les usines sont des clusters en puissance
Le portail d'information T24 appelle la Turquie à suivre l'exemple de l'Italie :
«Sur beaucoup de sites de production, les ouvriers travaillent dans une grande promiscuité. ... Pour préserver la santé des travailleurs, il faut soit cesser la production, soit garantir la distanciation sociale. Il faudrait que les usines prennent cette précaution en Turquie, mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pourtant pas si difficile. La semaine passée, l'usine Tofaş, à Izmir, a commencé à appliquer la règle des 1,5 mètre de distance. Inutile de dire que ceci implique la réduction de la vitesse de production. ... Serait-ce la raison pour laquelle les autres usines et chantiers navals font aussi peu de cas de la distanciation sociale ? Il est inadmissible de mettre en danger la vie de millions de travailleurs par appât du gain.»