Les Roumains ne pourront célébrer Pâques à l'église
A l'occasion de la célébration de la Pâques orthodoxe en Roumanie, les croyants devaient pouvoir aller chercher le prosphore, le pain bénit, devant les églises en dépit de l'épidémie. Sous le feu des critiques, le ministre de l'Intérieur, Ion Marcel Vela, a fait machine arrière. En guise d'alternative, le pain et le "feu sacré" (amené de Jérusalem) pourront être apportés directement chez les gens, à leur demande. Malgré l'importance de Pâques en Roumanie, la presse y voit une décision raisonnable.
Jésus vous conseillerait de rester chez vous
Răzvan Chiruţă, rédacteur en chef de Newsweek Romania, appelle ses lecteurs à rester chez eux :
«Jésus t'aimera plus si tu ne mets pas en danger tes proches et ta propre personne. Même en faisant preuve de bonne volonté, je ne peux pas comprendre pourquoi les habitants d'un pays exsangue comme le nôtre n'ont pas peur de finir à l'hôpital. Pas à cause du Covid-19, mais parce que les hôpitaux publics étaient des foyers d'infection avant même le début de l'épidémie. J'ignore quel est le risque d'être contaminé lors de la nuit de la résurrection. Mais je resterai à la maison, car la seule pensée d'avoir à me retrouver dans un hôpital roumain me rebute. Je suis certain que Jésus me comprendra.»
Préserver la force symbolique de Pâques
En Roumanie, des volontaires et des membres de l'Eglise munis d'équipements de protection devraient distribuer aux habitants le prosphore et le "feu sacré" par les fenêtres. Un geste important, juge Libertatea :
«Même pour les rares croyants parmi nous, cette intime communion dans l'église du quartier, lors de la prière de minuit, où l'on peut saluer ses voisins, étreindre ses proches et ignorer ses ennemis, revêt une grande force symbolique. La force d'appartenir à un groupe, à une célébration. Les gens qui ne franchissent le seuil de l'église qu'une fois l'an le font avec beaucoup de joie la nuit de la résurrection. C'est comme une obligation vis-à-vis de soi-même, vis-à-vis de la communauté ; une réconciliation, une célébration de la vie, une résurrection, au fond. Une source d'espoir, surtout dans les ténèbres que nous traversons actuellement. On ne saurait priver les gens d'espoir, mais on peut leur en donner.»