Pologne : les présidentielles reportées
La tenue d'élections en période de pandémie ayant fait l'objet de critiques de plus en plus vives en Pologne, y compris dans le camp gouvernemental, le scrutin présidentiel ne se tiendra finalement pas le 10 mai. Le parti ultraconservateur au pouvoir (PiS), dont le candidat, le président sortant Andrzej Duda, est le favori du vote, entend le repousser au mois de juin. Mais des doutes subsistant quant à la constitutionnalité de ce report, beaucoup de questions restent en suspens.
Kaczyński exploite une situation juridique opaque
Le gouvernement misera tout sur la justice, qui lui est inféodée, croit savoir Neue Zürcher Zeitung :
«Contrairement à ce qu'aurait apporté l'instauration de l'état d'urgence, que les experts et l'opposition réclamaient depuis des semaines et qui aurait entraîné le report automatique des élections pendant cette période, la situation juridique est désormais dans un flou total. Duda doit-il démissionner avant la nouvelle échéance électorale ? De nouveaux candidats rivaux peuvent-ils se présenter ? Peut-on amener quelqu'un à rendre des comptes pour un scrutin fictif qui n'a pas été organisé ? Kaczyński table sur le fait que la justice, 'réformée' ces quatre dernières années, élucidera toutes ces questions à son avantage.»
Morosité dans le camp gouvernemental
Le PiS de Kaczyński est devenu la risée du monde, estime Gazeta Wyborcza :
«Au PiS, l'ambiance est morose comme un lendemain de fête. Si l'optimisme est officiellement de mise, il n'y a en réalité aucun motif de réjouissance pour le PiS. Après que le gouvernement a répété pendant des semaines que le scrutin devait avoir lieu le 10 mai ou un autre jour de mai, estimant que la Constitution ne prévoyait qu'une solution de ce type, il a dû reconnaître qu'il se trompait. Jarosław Kaczyński a dû faire machine arrière. ... Nous avons un gouvernement en toc - et encore, le qualificatif est gentil. Car la Pologne est devenue la risée de la planète ces dernières semaines.»