Procès Volkswagen : une victoire des consommateurs ?
Dans le long imbroglio judiciaire autour du scandale Volkswagen - des fraudes menées par le groupe automobile pour dissimuler les valeurs des émissions polluantes des véhicules - la Cour fédérale de justice allemande a estimé lundi que le constructeur avait floué les consommateurs de manière délibérée et illicite. 60 000 plaignants peuvent désormais solliciter un dédommagement. Les commentateurs se réjouissent de ce jugement, qui aura selon eux une grande portée.
Faire chuter les constructeurs automobiles de leur piédestal
Ce verdict est l'occasion de mettre à mal le puissant lobby de l'industrie automobile allemande, juge Delo :
«Ce jugement constitue un précédent, et une nécessité du point de vue de la protection des consommateurs. ... En vertu de ce verdict, les droits des consommateurs n'ont pas été convenablement protégés en Allemagne. Du moins pas dans le combat contre des poids-lourds comme Volkswagen. C'est l'occasion de supprimer cette 'anomalie' du système et de faire chuter les constructeurs automobiles de leur piédestal. L'industrie automobile devra prendre acte de cette réalité, à l'heure où le secteur est confronté à la pire crise de l'époque contemporaine. N'oublions pas, du reste, que les géants de l'automobile étaient déjà en crise, avant même l'arrivée du coronavirus. »
Un cynisme invétéré
Au bout de tant d'années, ce verdict ne sert plus vraiment aux victimes, mais il faut espérer qu'il aura une autre utilité, commente Tageblatt :
«La plupart des victimes se sont résignées à conclure un arrangement, quand elles n'ont pas baissé les bras, de guerre lasse. De toute façon, les délais ont expiré. La tactique de temporisation du groupe aura donc probablement porté ses fruits sur le plan financier. Mais pas en termes de réputation. ... Espérons que ce verdict sans appel servira de leçon aux autres constructeurs automobiles, mais aussi dans d'autres secteurs. Car ce mépris n'est pas un cas isolé. Actuellement par exemple, un certain nombre de compagnies aériennes, Ryanair la première, ne réagissent pas aux demandes de remboursement de passagers dont les vols ont été annulés à cause du coronavirus. Elles gardent tout simplement l'argent par devant elles, bien que la situation juridique soit claire ; il est indéniable qu'elles agissent de manière délibérément malhonnête.»