Une taxe numérique sans les Etats-Unis ?
Les Etats-Unis ont quitté les négociations avec l'UE sur le projet visant à taxer le chiffre d'affaires de géants technologique comme Google ou Facebook. La France avait pourtant suspendu, en janvier dernier, sa taxe GAFA adoptée en cavalier seul, et ce dans le but de ramener Washington à la table des négociations. De l'avis des éditorialistes, il est urgent de trouver une solution.
L'UE doit défendre ses intérêts
Il est important que les Etats de l'UE s'unissent pour faire pression sur Washington, estime La Croix :
«Le secrétaire américain au trésor, Steven Mnuchin, invoque l'urgence de la situation sanitaire pour justifier l'interruption des négociations. Ce qui a vivement fait réagir Bruno Le Maire, le ministre français de l'Economie, soulignant que les géants numériques 'sont peut-être les seuls au monde à avoir tiré d'immenses bénéfices du coronavirus'. La vive réaction française est pleinement justifiée. Cependant, il est indispensable qu'elle entraîne derrière elle l'ensemble de l'Union européenne. Sinon, le rapport de force sera trop déséquilibré. L'avenir de l'Europe se joue aussi sur la maîtrise de ses intérêts numériques.»
Gommer les disparités fiscales
La pression qui s'exerce sur les Etats-Unis et l'Europe pour qu'ils taxent les géants du numérique n'avait jamais été aussi forte, rappelle Financial Times :
«Le confinement a aidé les grandes entreprises technologiques à croître encore, augmentant ainsi la pression sur les entreprises traditionnelles - et ce à une époque où les gouvernements sont en quête de nouvelles entrées fiscales pour financer leurs programmes d'aide à l'économie. Il est donc d'autant plus urgent de rétablir l'équité dans les conditions de compétitivité entre commerçants traditionnels et leurs concurrents numériques, car les premiers sont soumis à un régime fiscal complètement différent. Trouver une solution internationale au problème doit rester la priorité. En effet, un patchwork de mesures individuelles propres à chaque Etat serait moins efficace et plus difficile à mettre en application.»
Un projet qui doit aboutir
Les Européens devraient monter au créneau pour défende la taxe numérique, estime Der Spiegel :
«La France et l'Espagne ont d'ores et déjà déclaré sans mâcher leurs mots qu'elles ne se laisseraient pas intimider par les Etats-Unis. Par le passé, Trump a montré à plusieurs reprises que les signes de fermeté l'impressionnaient davantage que les signes de soumission. A ceci s'ajoute le fait que même le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, s'est dit prêt à payer davantage d'impôts dans certains pays. Au demeurant, l'historique des projets fiscaux européens à ce jour est peu reluisant. Les Européens échouent depuis des années à s'entendre sur l'élaboration d'une taxe sur les transactions financières.»