Face à la propagande russe, une loi lettone naïve ?
En Lettonie, les chaînes de télévision seront tenues de diffuser au moins 80 pour cent de leurs programmes dans une langue officielle de l'UE - ce qui ne laissera plus que 20 pour cent aux émissions en russe. Les opérateurs devront par ailleurs reléguer les chaînes russophones à la fin de leur offre de chaînes. Le Parlement letton espère ainsi lutter contre la propagande russe. Les chroniqueurs doutent de l'efficacité de l'initiative.
Un coup d'épée dans l'eau
Une loi inutile, juge Neatkarīgā :
«Tout cela est bien beau, mais on finit par réaliser que le média anglophone Russia Today, à la solde du Kremlin, continuera de mentir en anglais. Et aucune loi ne pourra l'interdire. Cette loi, en plus d'arriver avec beaucoup de retard, est aussi bâclée. Elle ne fera pas peur au Kremlin et ne changera rien non plus à son action propagandiste. Au contraire, celle-ci sera plus virtuose encore. Vu la faiblesse de notre propre 'contre-propagande', on peut penser que cette loi ne fera qu'anéantir notre combat contre les 'fake news' et le lavage de cerveau.»
Washington et Pékin ne le cèdent en rien à Moscou
Moscou n'a pas le monopole des "fake news", fait valoir Satori :
«Il ne faut pas que notre classe politique privilégie le scénario d'une désinformation qui viendrait exclusivement de Russie. Les connaisseurs des médias auront certainement remarqué la diffusion de balivernes plus dangereuses encore que celles propagées par Moscou : celles débitées par Trump, par les propagandistes du régime chinois et par d'autres chefs d'Etat. Mais de nombreux responsables politiques n'osent pas qualifier ces manœuvres-là de désinformation. Car sur ce point, le Kremlin reste un adversaire privilégié.»