Pologne : plainte pour fraude électorale déboutée
La Cour suprême de Pologne a validé le résultat des présidentiellesen rejetant un recours déposé par le parti d'opposition PO. Selon le verdict, ce dernier n'a pas fourni suffisamment de preuves pour démontrer que l'appareil étatique, notamment l'audiovisuel public, aurait favorisé le président sortant Andrzej Duda. Cette décision suscite l'indignation d'une partie des éditorialistes, tandis que d'autres se montrent soulagés.
Une occasion manquée pour les juges
Le quotidien Rzeczpospolita est déçu du verdict :
«La Cour a même rappelé les 'bonnes pratiques' qui imposent aux autorités et aux médias d'adopter une position neutre vis-à-vis des candidats pendant la campagne électorale. ... Il est regrettable que la Cour n'ait même pas eu le courage de parler des mauvaises pratiques. Mais cela aurait gâché la bonne ambiance juste avant qu'Andrzej Duda ne renouvelle sa prestation de serment. L'interprétation du droit électoral par les juges de la Cour suprême (tous désignés à l'issue d'une procédure controversée à laquelle un Conseil national de justice politisé a participé) n'est pas crédible. Les juges ont raté ici une occasion en or de gagner en crédibilité en fournissant une motivation solide et convaincante pour étayer leur décision.»
Une justice au service du pouvoir
L'arrêt rendu par la Cour est fort révélateur, selon Frankfurter Allgemeine Zeitung, notamment à un égard :
«La justification ayant conduit au rejet de la demande relative à l'inégalité de traitement des candidats dans les médias montre à quel point la politisation de la justice par le gouvernement du PiS peut devenir dangereuse pour la démocratie polonaise. Dans une situation d'urgence, on ne peut certainement pas s'attendre à ce que ces juges contrôlent le pouvoir, sachant qu'ils estiment que la campagne de dénigrement visant Rafał Trzaskowski menée dans les médias publics n'outrepasse pas le cadre d'une couverture honnête de l'actualité.»
Un verdict qui n'ajoute pas à la confusion
Pour Polityka, cette décision était la seule issue possible :
«L'arrêt aurait-il été différent si la chambre n'avait pas été exclusivement composée de juges choisis par le gouvernement ? Auraient-ils dû invalider l'élection et demander une nouvelle élection ? Non. C'est bien plus en amont que les erreurs auraient dû être corrigées. Face à l'impossibilité d'organiser les élections le 10 mai dernier, la commission électorale aurait dû reporter le scrutin selon les délais prévus par la constitution, mais après le 6 août, soit à la fin du mandat d'Andrzej Duda. Cette condition n'ayant pas été remplie, il n'est pas nécessaire d'ajouter à la confusion, puisque nous avons déjà quitté l'ordre constitutionnel.»