Le 'bac corona' britannique est-il injuste ?
En raison de l'annulation des examens suite à la crise sanitaire, les résultats des A-Levels, équivalent britannique du baccalauréat, ont été calculés à l'aide d'un algorithme cette année. Une méthode qui, dans beaucoup de cas, a produit des notes sensiblement inférieures aux appréciations des enseignants, ce qui aurait particulièrement desservi les élèves issus de familles défavorisées et avantagé ceux issus d'écoles privées.
Le fossé social se creuse
The Guardian estime que les élèves comme les parents ont toutes les raisons d'être en colère :
«La pandémie pourrait renforcer encore la part des élèves nantis et de ceux issus des écoles payantes dans les universités d'élite, ce qui est grotesque en plus d'être injuste. Les inégalités tenaces montent d'un cran. En prenant en compte dans le calcul de la note du bac de chacun les résultats globaux de l'ensemble de l'école par le passé, les ministres ont décidé de privilégier les établissements de prestige. Il existe des preuves selon lesquelles les notes d'élèves socialement défavorisés auraient été revues à la baisse. ... Pour un pays censé avoir remisé la rigidité des hiérarchies du passé à la faveur de la mobilité sociale (du moins en principe), cette journée des résultats du bac aurait difficilement pu se passer plus mal.»
Pas de quoi en faire tout un plat
The Economist estime que le tollé est hors de proportion :
«Nombreux sont ceux qui ressentent comme une injustice que les élèves soient jugés sur la base de leur école plutôt que sur celle de leurs résultats personnels. Or les approximations du système n'ont rien de nouveau. En 2018, l'OFQUAL [bureau de contrôle des examens et diplômes] avait publié les résultats d'une enquête pluriannuelle sur la notation. Un examinateur expérimenté avait corrigé des copies dans 14 matières et les avait comparées avec les notes effectivement données aux examens. Dans un quart des cas, son évaluation divergeait de la note reçue. ... Quoi qu'il advienne pour cette promotion, les élèves auront de meilleures chances d'être admis à l'université de leur choix. Car les universités se disputent les étudiants britanniques pour combler le vide laissé par les étudiants étrangers, qui ne pourront pas être au rendez-vous le semestre prochain.»