Scandale des allocations familiales aux Pays-Bas
Deux mois avant les législatives, le gouvernement néerlandais a démissionné suite au scandale dit des allocations familiales. Plus de 20 000 parents, d'origine immigrée pour la plupart, ont été injustement accusés de fraudes par les autorités. Celles-ci leur ont suspendu les allocations familiales et leur ont même demandé rétroactivement le remboursement de sommes de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Les avocats des victimes font état d'un racisme institutionnalisé. Pour la presse, le départ du Premier ministre ne résout pas l'affaire.
Juste le couvercle de la fosse à purin
Cette démission ne résout absolument rien, prévient Sheila Sitalsing, chroniqueuse à De Volkskrant, qui appelle à faire toute la lumière sur l'affaire :
«Quelle a été l'ampleur de la sélection ethnique, jusqu'où est-elle allée, combien de temps a-t-elle duré, qui était au courant, qui aurait dû l'arrêter mais n'a rien fait ? ... Jusque-là, on n'a fait que gratter la surface, on n'a fait qu'ébranler le couvercle de la fosse à purin. Le Premier ministre croit peut-être que sa démission résout l'affaire des allocations familiales, qu'elle permettra de faire table rase. ... Il croit peut-être qu'il a désormais les coudées franches pour aller de l'avant. ... Mais on ne peut exclure que la question des sélections ethniques effectuées par l'Etat devienne un thème de la campagne électorale.»
Redevenir un Etat social
On a le sentiment avec cette affaire que la majorité des Néerlandais préfèrent combattre les fraudes plutôt que d'aider les plus vulnérables, juge le chroniqueur Tom-Jan Meeus dans NRC Handelsblad :
«On peut dire que ce scandale est imputable à Mark Rutte, aux ex-ministres [de l'Economie] Eric Wiebes ou [des Affaires sociales] Lodewijk Asscher, aux hauts fonctionnaires, au fisc, au court-circuitage de l'Etat de droit - et la plupart des arguments sont (en partie) justifiés. ... Mais ce faisant, on occulte quelque chose d'essentiel : ce pays est devenu impitoyable vis-à-vis de 'ceux qui ne sont pas gagnants'. On pourrait dire que les politiques se doivent de donner le bon exemple. Mais il faut aussi témoigner un peu de clémence et de compréhension pour les faiblesses des autres, réaliser que pour faire régner la confiance, il faut aussi l'insuffler aux autres. Après cette affaire, l'heure est peut-être venue pour les Néerlandais de se regarder dans le miroir.»