France : des organisations musulmanes signent une charte des valeurs républicaines
Six des neuf organisations de France affiliées au Conseil français du culte musulman (CFCM) ont signé ce week-end une charte de principe applicable à la pratique de l'islam en France. En amont, Emmanuel Macron les avait sommés pendant des mois de prendre position contre l'islamisme. Les éditorialistes saluent des engagements clairs qui évitent l’écueil de la discrimination, même si d'aucuns sont sceptiques quant à son efficacité.
Ce n'est pas ainsi que l'on atteint son auditoire
Dans Le Figaro, le sociologue Tarik Yildiz doute de l'efficacité de la charte :
«Il semble très peu probable qu'un individu en voie de radicalisation soit sensible à un imam indirectement labellisé par l'Etat et ainsi considéré comme 'vendu'. Le contexte napoléonien est bien lointain à l'ère d'Internet : les forums regorgent de questions posées par des jeunes à des imams francophones évoluant hors tout cadre institutionnel et répondant clairement à toutes leurs interrogations. L'objectif principal devrait être de faire en sorte qu'un jeune ne soit pas sensible aux discours séparatistes et/ou radicaux, venant généralement remplir un vide que les institutions ont laissé se développer.»
Les vertus du pragmatisme
La Tribune de Genève accueille favorablement la charte des principes, qui va selon elle dans le même sens que la loi contre les séparatismes actuellement débattue à l'Assemblée :
«Dès le début de sa présidence, Macron a commencé par une action discrète : identifier dans certains quartiers les lieux à problèmes - mosquées, écoles, associations - et vérifier avec les acteurs locaux les moyens d'intervention pour les dissoudre ou les interdire, mais aussi les barrières légales qui empêchaient d'agir. Cette méthode développée, il fallait adapter la loi pour se donner les moyens de l'appliquer. C'est ce qu'il fait aujourd'hui, avec un pragmatisme assumé, qualité pas toujours très française mais qui a désarmé ses adversaires. Le projet de loi, jusqu'à présent, passe plutôt bien. … On peut agir contre les uns, sans stigmatiser les autres. Sur ce terrain, la droite et la gauche, si elles ne sont pas crétines, peuvent se retrouver. Grâce à Macron.»
Un numéro d'équilibriste réussi
Dagens Nyheter recommande à la Suède de suivre l'exemple de la France :
«Formuler le problème sans se référer à tel ou tel groupe en particulier ni rejeter sur lui les 'accusations', cela constitue déjà en soi un immense défi.. ... Et comme c'est si souvent le cas, on encourt le risque d'accorder davantage d'importance aux déclarations radicales isolées qu'à la foule des modérés. ... Mais après l'assassinat de Samuel Paty, Macron a su trouver le juste milieu, entre mise à distance d'un islam radical et respect de l'écrasante majorité des musulmans, qui font partie intégrante de la société française depuis des générations et sont les cibles de la violence et de l'oppression des extrémistes au même titre que les autres. Un grand écart qui exige de celui qui l'exécute d'être à l'écoute et de maintenir le dialogue, avec respect et sérieux. Une gymnastique dont les Suédois sont tout à fait capables.»