Frontex se retire de Hongrie : à quoi bon ?
Frontex se retire provisoirement de la Hongrie. L'agence chargée du contrôle des frontières extérieures de l'UE réagit ainsi au refus de Budapest d'appliquer un arrêt pris par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) en décembre dernier. Ce dernier stipulait que le système d'asile hongrois était illégal, se référant notamment aux refoulements illégaux de migrants vers la Serbie. Les chroniqueurs estiment cependant que la décision de Frontex n'aura que peu de conséquences.
Seules des sanctions financières seront efficaces
Le retrait de Frontex n'a qu'une valeur symbolique, critique Deutschlandfunk :
«Cela ne change rien au fait que pendant quatre ans et demi, Frontex a travaillé main dans la main avec la Hongrie. C'est le temps qu'il aura fallu à la Cour de justice européenne pour invalider la loi hongroise sur le droit d'asile en vigueur depuis 2016. Ce qui n'a pas empêché la Hongrie de continuer sur sa lancée comme si de rien n'était. ... Mais des Etats comme la Hongrie n'ont pas l'habitude de céder et lorsqu'ils cèdent, ce n'est que sous le coup de dures sanctions financières. La Commission européenne pourrait donc demander à la Cour de justice européenne d'imposer de telles sanctions, une option qu'elle devrait envisager au plus vite. A moins qu'elle ne s'appuie sur le mécanisme d'Etat de droit récemment mis en place et qui fait la fierté de tant de monde au sein de l'UE.»
Budapest se fiche pertinemment des lois
Ce n'est pas la première fois que la Hongrie temporise au lieu de mettre en application un jugement de la CJUE, constate hvg :
«La situation est similaire à celle qui avait prévalu au moment du jugement de la CJUE sur [la loi contre] les ONG. Les autorités hongroises n'appliquent pas le jugement pourtant passé l'été dernier et ses agissements continuent à aller à son encontre. Au cours des débats qu'a suscité l'attitude de la Hongrie, d'aucuns ont invoqué l'argument selon lequel lorsqu'un Etat membre ne respecte pas un jugement de la CJUE, on peut considérer qu'il enfreint les règles de l'Etat de droit.»