Faut-il poursuivre les interventions militaires au Sahel ?
Lors du sommet du G5 Sahel, le président français Emmanuel Macron a annoncé une poursuite de l'opération Barkhane au Sahel avec le soutien de l'Union européenne. Un retrait partiel des troupes françaises était pourtant prévu dès la fin de l'été. L'opération militaire a démarré en 2014 au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie et au Niger dans le but de combattre le terrorisme islamiste. Aujourd'hui, les avis sont partagés quant au succès de cette opération.
La stabilité en Afrique, un enjeu de taille pour l'Europe
Un retrait des troupes pourrait avoir des conséquences catastrophiques, estime The Times :
«Macron devrait maintenir ses troupes. La Grande-Bretagne, qui n'assure qu'une participation très modeste mais néanmoins fort utile à une mission des Nations Unies au Mali, devrait rester elle aussi. Le Mali et ses voisins forment un chapelet d'Etats vulnérables. Ils sont directement situés sur l'une des principales routes migratoires vers l'Europe qui passe par le Niger. Les groupes terroristes, les passeurs et les bandes criminelles évoluent librement dans ces vastes espaces de non-droit. ... Emmanuel Macron a annoncé à la Force conjointe transfrontalière composée du Tchad, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et de la Mauritanie qu'il souhaitait retirer 600 des 5 100 soldats français stationnés dans le Sahel. C'est péremptoire. Il y a un lien direct entre la stabilité dans cette région de l'Afrique et celle de l'Europe.»
La présence française fait partie du problème
Dans les colonnes de Mediapart, l'association Survie - opposée à l'influence de la France en Afrique - critique l'intervention militaire de la France dans le Sahel, la jugeant contre-productive :
«Il y a aussi un paradoxe à exiger un renforcement des Etats africains et à affirmer qu'il faut une solution politique tout en continuant à faire pression pour que la priorité soit uniquement sécuritaire. La présence militaire française dispense en réalité les États africains de traiter les problèmes de fond. … La France fait le choix de s'appuyer sur des régimes autoritaires et corrompus pour mener sa 'guerre contre le terrorisme', alimentant là aussi dans la population un ressentiment qui ne peut que profiter aux djihadistes. Il est temps d'affirmer que l'ingérence militaire de la France au Sahel fait partie du problème, pas de la solution.»
Macron sommé de justifier sa décision
Au vu du bilan amer de ces huit dernières années, Le Monde réclame l'ouverture d'un débat public sur les missions militaires de la France à l'étranger :
«Pour l'heure, aucune attaque terroriste en France ou chez ses voisins n'a été reliée aux événements sahéliens. Souhaitable, le passage de relais aux armées locales, peu professionnelles, n'est une issue qu'à moyen terme. De même que la reconstruction, avec un soutien international, d'Etats capables d'assurer les besoins vitaux des populations. Alors que les opinions publiques française et africaines sont de plus en plus rétives au prolongement de l'intervention de 'Barkhane', des choix clairs ne peuvent plus attendre. La fin du quinquennat et la campagne électorale qui s'annonce constituent des moments propices à un débat sur les engagements armés français à l'étranger.»