Lettonie : une taxe sur les appareils de stockage de données
En Lettonie à compter du 1er avril, l'achat d'un smartphone ou d'un disque dur sera majoré d'une taxe médiatique de quelques euros. Une loi adoptée en décembre par le ministère letton de la Culture pour augmenter quelque peu les revenus des professionnels de la musique, frappés de plein fouet par les restrictions sanitaires. La mesure est vivement critiquée par les commentateurs.
Les utilisateurs passent deux fois à la caisse
Le journal économique Dienas Bizness dénonce une initiative déconnectée des réalités :
«Le ministère de la Culture s'appuie sur une étude erronée pour tenter de prouver, en décalage complet avec la réalité, que les smartphones et les ordinateurs sont devenus des bibliothèques numériques illégales et donc redevables de 1,50 ou 2,85 euros. Cette redevance doit également être payée pour les appareils qui ne présentent aucune espèce de fonction de stockage des données, ce qui prouve s'il le fallait l'absurdité de la proposition. ... La réalité est qu'aujourd'hui, on écoute la musique en streaming depuis une plateforme et on lit les livres achetés dans des bibliothèques virtuelles, et ce en toute légalité. Le gouvernement veut donc faire passer les gens à la caisse deux fois.»
Un traitement de faveur troublant
L'hebdomadaire Ir a du mal à cerner pourquoi on devrait accorder aux musiciens plus d'importance qu'à tous les autres auteurs :
«Une personne qui travaille dans le secteur du show business n'a pas plus de valeur que l'inventeur d'un vaccin, d'un médicament, d'un smartphone ou d'un disque dur. Et pourtant, personne n'a le toupet de réclamer aux autres une taxe supplémentaire. ... La question se poserait si l'Etat estimait que les musiciens étaient plus importants que les médecins, les pompiers ou les enseignants, et qu'à ce titre, ils méritaient que l'on lève une taxe spéciale qui leur soit reversée. Il va sans dire qu'un musicien qui écrit des chansons et divertit le public devrait percevoir une rémunération appropriée pour son travail. Mais il ne devrait être rémunéré que pour ce qu'il fait.»