Le plan de sauvetage de Biden : une détermination exemplaire ?
D'un montant équivalent à plus de 1 600 milliards d'euros, c'est un des plans de relance le plus ambitieux de tous les temps : après l'aval de la Chambre des représentants, le président américain a pu signer mercredi son "American Rescue Plan" de lutte contre la crise sanitaire. Financé par la dette, ce vaste programme a vocation à venir en aide aux pauvres, aux familles, aux communes et aux écoles. Majoritairement enthousiaste, la presse européenne espère qu'il fera des émules de ce côté-ci de l'Atlantique.
Une conjoncture positive pour toute la planète
L'économie américaine ne sera pas la seule à bénéficier du plan d'aide de Biden, estime le Financial Times :
«Un nouvel essor de l'économie des Etats-unis boosterait la demande dans le reste du monde. Les pays voisins les plus proches et les principaux partenaires commerciaux que sont le Mexique et le Canada, ainsi que les économies exportatrices en Asie de l'Est et en Europe, vont en profiter pleinement. ... Si l'OCDE vise juste avec le plan de relance de M. Biden, et il y a de fortes raisons de le penser, le renforcement de l'économie américaine contribuera à la reprise mondiale. Il serait bien sûr préférable que le monde ne soit pas dépendant d'une seule source pour ce rebond, et que d'autres pays riches se montrent tout aussi ambitieux.»
L'UE doit mettre en œuvre son Recovery Fund
La Repubblica espère que l'Europe s'inspirera du plan de soutien de Biden :
«Le crédit de 1 900 milliards de dollars signé hier par Joe Biden pour faire face aux difficultés économiques engendrées par la pandémie ne doit pas seulement s'inscrire dans le contexte national, mais dans celui d'une réponse mondiale à la crise économique de Covid-19. ... Il ne fait aucun doute que l'économie américaine, en chiffre absolu, surtout en cette année 2021, progresse beaucoup plus vite que celle de l'Union européenne, de ses États membres et d'une grande partie du G7. ... La morale de l'histoire ? L'opportunité de créer une véritable 'union fiscale européenne' doit être saisie aujourd'hui, pas en 2022. Il faut que le 'Recovery Fund' devienne 'structurel' le plus rapidement possible.»
Qui dit endettement dit remboursement
Un plan aussi colossal constitue un véritable essor, mais aussi un risque considérable, met en garde De Tijd :
«Acheter la croissance, comme le fait Biden, est une entreprise qui a son prix. A plus forte raison quand la croissance se double d'une hausse des taux d'intérêts. Le financement de la dette crée ainsi à son tour un autre problème, problème que les banques centrales ont longtemps minimisé. Les pays grevés par une dette publique trop élevée se verront présenter la facture plus vite qu'ils ne le pensaient. C'est pourquoi l'Europe ferait mieux de se dépêcher de ficeler son propre plan de stimulation. Une économie en bonne forme est le meilleur moyen de compenser des taux d’intérêt en hausse et de financer la dette - mais pas la planche à billets de telle ou telle banque d'émission.»
Une inflation passagère est anodine
Ekho Moskvy se demande si le plan de relance post coronavirus risque de happer les Etats-Unis dans une spirale inflationniste :
«Allons-nous au devant d'une phase inflationniste ? Non pas une hausse des prix passagère, mais une accélération sérieuse et durable de la hausse des prix. La réponse dépendra de l'accueil réservé au plan de soutien anti-Covid. S'il est considéré comme une mesure unique, motivée par l'épisode exceptionnel du Covid-19, le risque d'inflation est largement écarté. La banque centrale américaine est capable de contenir une inflation de deux à trois pour cent pendant quelques années. Si toutefois le plan devait être perçu comme une passerelle vers la lutte contre la pauvreté (soulignons que les versements actuels battent des records dans ce domaine), alors il y aura des conséquences sur le long terme.»
Un homme qui sait ce qu'il fait
Pour Politiken, le plan de relance adopté montre que l'on avait sous-estimé Biden :
«Joe Biden est le président américain des temps modernes qui peut se targuer d'avoir la carrière politique la plus longue à Washington. Alors que ses prédécesseurs avaient peu ou prou d'expérience politique, Joe Biden roule sa bosse dans la politique depuis un demi siècle. ... Il connaît mieux que quiconque les rouages du Sénat et il a montré qu'il savait comment s'y prendre pour faire adopter de grands projets, même si les démocrates ne disposent que d'une bien courte majorité. ... Cette semaine, il a montré comment l'on pouvait mettre à profit des décennies d'expérience pour façonner un avenir meilleur.»