Régionales partielles : des revers prémonitoires pour la CDU ?
Aux législatives régionales qui se tenaient dans deux länder d'Allemagne ce dimanche, le Bade-Würtemberg et la Rhénanie-Palatinat, la CDU a enregistré son pire résultat à ce jour. Dans le Bade-Würtemberg, les verts l'ont emporté haut la main avec 32,6 pour cent des suffrages, la CDU n'obtenant que 24,1 pour cent. En Rhénanie-Palatinat, le SPD a triomphé avec 35,7 pour cent, tandis que la CDU a dégringolé à 27,7 pour cent. Le coup d'envoi de cette année de tous les scrutins pour l'Allemagne fait réagir la presse européenne.
De mauvais augure pour le scrutin d'automne
La CDU doit se mettre en état d'alerte maximale, estime Damien McGuinness, correspondant de la BBC à Berlin :
«Les résultats sont encore pires que prévu. Ils sont imputés à la gestion de la crise sanitaire par la CDU. La hausse du nombre d'infections et la lenteur du déploiement de la campagne de vaccination ont aigri les humeurs dans le pays. De plus, les énormes commissions touchées par certains députés conservateurs pour l'achat de masques dans le cadre de marchés publics ont suscité un tollé. Angela Merkel n'a rien perdu de sa popularité personnelle. Mais à seulement six mois de la fin de son mandat, ces résultats ne sont pas de bon augure pour les chances de son parti aux législatives.»
Le retour de balancier
Pour Dnevnik, les raisons de la défaite sont évidentes :
«Le résultat est la conséquence directe du non respect des mesures sanitaires par certains politiques et des commissions juteuses empochées par certains députés dans la négociation de marchés publics pour l'achat de masques. Bien que la CDU et la CSU aient réagi avec rigueur aux agissements de leurs députés, qui ont finalement été radiés, la réputation des partis a été irréparablement entachée. D'autant plus qu'il n'est pas certain que les affaires éventées jusqu'à présent soient réellement des incidents isolés. Si, en début d'année, on pensait encore que la CDU pouvait envisager les législatives de l'automne avec optimisme et que l'incertitude portait davantage sur le nom du candidat - Armin Laschet de la CDU ou Markus Söder de la CSU - l'issue de ces scrutins vient rebattre les cartes.»
Une transition difficile vers l'ère post-Merkel
Die Presse se penche sur les conséquences des mauvais scores du CDU :
«Ces deux revers cuisants ... frappent de plein fouet Armin Laschet [candidat officiel CDU à la chancellerie] et le parti au niveau national. En effet, la CDU est déjà embourbée dans une série d'échecs et de scandales. ... On ignore combien d'affaires vont encore faire surface, dans la mare boueuse des conservateurs. ... Va inexorablement se mettre en place une dynamique qui risque d'aspirer le camp conservateur dans de redoutables turbulences, à six mois des élections au Bundestag. Le ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie est-il le bon candidat pour le poste de chancelier ? La question n'a jamais été aussi pertinente. ... Ce funeste scrutin ne simplifie guère, pour les chrétiens-démocrates, la question de la reprise du flambeau après la sortie de scène de Merkel.»
Les verts, force politique de demain ?
Dagens Nyheter attribue la brillante réussite des Verts dans le Bade-Wurtemberg à la personne du ministre-président de ce land, Winfried Kretschmann :
«Le succès des verts en Allemagne est lié à l'effondrement du SPD et certainement aussi à l'urgence climatique. Rappelons toutefois que les verts ont connu un grand essor quand les tenants d'une politique 'réaliste' ont pris le dessus sur la phalange fondamentaliste du parti. Bien sûr, ils continuent d'aimer les interdictions et de s'opposer au libre-échange, mais ils n'ont plus peur de la croissance. Une métamorphose que personne n'incarne mieux que Kretschmann. ... Il sait concilier la volonté de préserver le climat et le constat que l'on ne peut pas reconvertir du jour au lendemain des centaines de milliers de travailleurs de l'industrie automobile allemande. ... Si les Verts et la CDU peuvent gouverner ensemble dans le Bade-Wurtemberg - et bientôt peut-être aussi à Berlin - alors la Suède ne devrait pas exclure elle non plus une configuration analogue.»