Un nouvel élan dans la politique climatique mondiale ?
En cette Journée mondiale de la Terre, plusieurs poids lourds de la politique mondiale ont fait des annonces ambitieuses. D'ici 2030, l'UE veut relever à 55 pour cent contre 40 actuellement l'objectif envisagé pour les réductions d'émissions par rapport à 1990. Le président américain Joe Biden, de son côté, a invité 40 chefs d'Etat et de gouvernement à un sommet climatique pour définir des objectifs mondiaux d'émissions. La presse reste toutefois sur sa faim.
Agir ensemble ou rester inefficace
La déclaration commune des Etats-Unis et de la Chine pour combattre ensemble le changement climatique est historique, écrit Milliyet :
«Depuis l'élection de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis, non seulement la Maison-Blanche s'est verdie, mais la Chine est immédiatement montée sur le train en marche. ... Qui plus est, les deux pays accordent désormais leurs violons. Car la portée de l'action isolée d'un seul pays est extrêmement limitée. Cette lutte n'a de sens que si elle est menée au niveau mondial. ... Bref, que vous le croyiez ou non, on assiste-là à un tournant radical. La politique environnementale commence à dominer le monde.»
Plus pernicieux que la pandémie
Irish Examiner préconise de combattre le changement climatique avec autant d'opiniâtreté que le Covid :
«Nous pouvons tirer de nombreux enseignements si l'on compare notre réponse à la pandémie à celle que nous devrions apporter au dérèglement climatique. La première constitue en quelque sorte un microcosme de la seconde. Nous avons réagi rapidement et vigoureusement pour tenter de contenir la pandémie, mais peut-être parce que la dimension de la catastrophe climatique dépasse notre entendement, notre réponse en est encore au stade d'avant les masques, d'avant le confinement. Plus de trois millions de personnes sont décédées à cause du Covid-19, mais ce chiffre n'est rien en comparaison du nombre de personnes que l'effondrement climatique met en danger. Il est essentiel d'apporter une réponse proportionnée à ces données, et aux dangers immenses et injustes qui leur sont inhérents. Après tout, il n'existe pas de vaccin contre l'effondrement climatique.»
Ayez le courage des actes !
De Standaard maudit les beaux discours et les objectifs lointains, qu'il juge insuffisants :
«Si les dirigeants du monde prenaient au sérieux la protection du climat, ils pourraient s'engager à adopter de conserve une taxe carbone mondiale. En prévoyant si possible une taxe de dépassement des émissions de CO2 pour les récalcitrants. ... Mais l'UE est la seule à tirer dans ce sens. Xi Jinping et John Kerry, le maître à penser de Biden en matière de climat, ont rejeté l'initiative. Et pourtant, si ces trois poids lourds pouvaient se mettre d'accord sur ce point, le reste du monde serait bien obligé de suivre la marche. Pour passer un tel accord, on n'a pas besoin de sommet sur le climat de deux jours. Cinq minutes de courage politique suffisent.»
L'écologie ne doit se faire au détriment du social
Pedro Marques, eurodéputé et membre du Parti socialiste portugais (PS), insiste sur l'aspect social dans Público :
«Il est important de comprendre que cette transition climatique implique des changements exigeants, qui auront des impacts brutaux sur la vie des gens. ... A titre d'exemple, la fermeture de la centrale thermoélectrique de Sines, au Portugal, nous permet de comprendre les enjeux. Si cette transition n'est pas équitable, il y a de grands risques qu'elle soit compromise, comme on le voit en France avec le mouvement des gilets jaunes. C'est pourquoi nous devons soutenir les familles disposant de faibles ressources, trouver des réponses sociales solides dans les territoires touchés et encourager les nouveaux investissements et la création d'emplois. Les emplois verts doivent devenir la règle.»
Retour à l'ancienne normalité
Depuis février aux Pays Bas, des études de terrain sondent les moyens de concilier rassemblements de personnes et pandémie. Or ces expériences appelées "Fieldlab Events" prévoient aussi des voyages sur les îles de Rhodes et de Grande Canarie, ce qui afflige Floor Rusman dans sa chronique à NRC Handelsblad :
«C'est un retour à la normalité d'avant, au temps où partir en vacances signifiait automatiquement prendre l'avion vers une destination ensoleillée. Aujourd'hui, comme la planète ne cesse de se réchauffer, les Pays-Bas sont du reste de plus en plus ensoleillés. ... L'Etat a manqué une bonne occasion d'envoyer un message fort. Il aurait pu choisir l'Eifel [région boisée d'Allemagne] pour le premier séjour du Fieldlab, et un bus électrique comme moyen de transport. Un cadre idéal pour de super vacances ! Or le fait est que l'Etat ne souhaite pas que nous prenions moins l'avion, sinon il n'aurait pas remis à flots une compagnie aérienne, mais investi dans un autre secteur.»