Tollé en Ukraine autour du film Le Frère
Les films Le Frère (1997) et Le Frère 2 (2000), du réalisateur russe Alexeï Balabanov, désormais disponibles sur la plateforme de VOD Netflix, font polémique en Ukraine. Est critiqué notamment le fait que le protagoniste y rudoie les Noirs, les Caucasiens et les Ukrainiens. De leur côté, les forces prorusses se sont offusquées de la décision de Netflix d'avoir changé dans les sous-titres la désignation des fascistes ukrainiens en choisissant un terme peu clair pour le public international.
La propagande raciste du Kremlin
Un film aussi raciste n'a rien à faire sur Netflix, estime le Centre for Strategic Communications and Information Security, affilié au ministère ukrainien de la Culture, sur ukrinform.ua :
«Comment un service qui affirme prôner la démocratie, le multiculturalisme et la tolérance vis-à-vis des minorités nationales et sexuelles peut-il proposer l'un des films russes les plus nationalistes qui soient ? ... Les films de Balabanov sont des outils de propagande, de 'soft power' du Kremlin ; leur fonction consiste à véhiculer une vision impérialiste du monde. Le héros de Balabanov est l'incarnation composite du 'Russe', et ses ennemis sont les représentants d'autres peuples. ... Ces films ressemblent à un autre 'chef d'œuvre' de la propagande politique - le film américain Naissance d'une nation, tourné en 1915 et célébré à sa sortie par le Ku-Klux-Klan.»
Une nouvelle étiquette, le même reproche
Dans les sous-titres anglais, le terme russe "Banderites" était traduit par "collaborateurs nazis ukrainiens". Strana.ua s'étonne que Netflix ait finalement opté pour le calque "Banderites" :
«Si le téléspectateur anglophone avait encore la possibilité auparavant de comprendre la nature du conflit, cela lui sera plus difficile désormais, car la plupart des gens n'ont jamais entendu parler des 'Banderites'. ... On ne peut pas vraiment considérer la modification des sous-titres comme une victoire [pour l'Ukraine]. Dès le départ, les Banderites sont qualifiés de fascistes. ... Il est indiqué que le terme découle de Stepan Bandera, 'le leader de l'Organisation des nationalistes ukrainiens formée en 1929 en tant que fusion de mouvements, dont l'Union des fascistes ukrainiens'.»