Migrants : la Turquie, pays tiers sûr ?
Le gouvernement grec vient de requalifier la Turquie "pays tiers sûr". En vertu de cette décision, elle renverra sans examiner leurs demandes les personnes originaires d'Afghanistan, de Somalie, du Pakistan et du Bangladesh arrivées en Grèce après avoir traversé la frontière turque, comme cela était déjà le cas pour les migrants syriens. Levée de boucliers des ONG, qui dénoncent une décision qui revient à priver du droit d'asile presque tous les migrants arrivant en Grèce, indépendamment de ce qu'ils ont dû endurer dans leurs pays d'origine.
Une Europe déshumanisée
Chroniqueur sur le portail In.gr, Panagiotis Sotiris constate un échec de la politique migratoire qui ne se limite pas à la Grèce :
«Je veux aborder le cœur du problème, l'abolition progressive - à l'échelle européenne - du droit à la protection humanitaire, dans un monde où encore tant de situations poussent les gens vers le dur chemin de l'exil. Une tendance qui vient encore compliquer la situation de ces personnes et qui exacerbe également l'affaiblissement général du noyau démocratique censé être au cœur de 'l'édifice européen'.»
Condamnés à être exploités
Les réfugiés se retrouvent dans une impasse, prévient TVXS :
«Même en admettant que la Turquie soit vraiment un pays sûr pour les demandeurs d'asile, le règlement est inapplicable pour l'instant puisque le pays voisin n'a accepté aucun rapatriement en provenance de Grèce depuis mars 2020 [en raison de la pandémie]. Par conséquent, les gens perdent massivement le droit de demander l'asile dans l'Union européenne. Leurs demandes d'asile, considérées inadmissibles [puisque devant être traitées par la Turquie], étant rejetées, ils se retrouvent indésirables en Grèce et le sont tout autant en Turquie. Sans aucun soutien de l'État grec (logement, nourriture, aide financière), ces réfugiés deviennent les parfaites victimes des systèmes d'exploitation.»