Ethiopie : comment mettre au conflit au Tigré ?
Depuis novembre 2020, une guerre violente oppose l'armée éthiopienne aux troupes du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), dans la région éponyme. Aujourd'hui, le TPLF aurait reconquis les territoires perdus et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, vient d'annoncer un cessez-le-feu. Les éditorialistes craignent que les violences ne se poursuivent.
Recherche médiateur
Gazeta Wyborcza souligne l'importance que revêt une potentielle médiation internationale :
«Le Premier ministre, Abiy Ahmed, a affirmé que la guerre était terminée, qu'aucun crime n'avait été commis, qu'aucun Erythréen n'était impliqué dans le conflit et que l'Ethiopie combattait exclusivement des terroristes avec lesquels toute négociation est exclue. Or ces affirmations sont mensongères ; il a perdu toute crédibilité. ... Avant que le conflit ne dégénère en guerre de tous contre tous, comme cela s'est produit il y a un quart de siècle au Congo, il faut que quelqu'un assure la médiation, de préférence un homme d'Etat africain jouissant d'une bonne réputation. Mais l'ère Mandela est révolue depuis longtemps.»
La fin de l'Etat multiethnique
Süddeutsche Zeitung doute lui aussi que la solution puisse venir du Premier ministre :
«Ce qui se profile, c'est la fin de l'Etat multiethnique éthiopien tel qu'on le connaissait. Car si le conflit qui se joue au Tigré est le plus grave, il n'est pas le seul conflit qui déchire ce pays de 110 millions d'habitants, dans lequel vivent des dizaines de groupes ethniques différents. Les troubles ne cessent de ressurgir ; la répartition du pouvoir et des richesses reste une source permanente de conflits. Même si les choses semblaient différentes au départ, force est de constater que le Premier ministre, Abiy Ahmed, n'est pas capable de résoudre pacifiquement ce problème complexe.»
De nobel de la paix à criminel de guerre
Abiy Ahmed est le premier responsable de la violence et de la famine qui dévastent le Tigré, juge The Guardian :
«Comme son prédécesseur meurtrier Mengistu Haile Mariam, Abiy nie l'existence d'une famine au Tigré. ... Si justice devait être rendue un jour, on assisterait alors au spectacle remarquable d'un prix Nobel de la paix jugé pour crimes contre l'humanité. ... La catastrophe du Tigré ne saurait être qualifiée de naturelle ou d'inévitable. Abiy, avec ses alliés en Erythrée, est en train de transformer une région prospère et florissante en un nouveau désastre historique. Et tant que le monde ne sera pas sorti de sa torpeur, Abiy poursuivra son action meurtrière.»
David a triomphé de Goliath
La résistance de la population de la région a eu raison de l'armée éthiopienne, observe Der Standard :
«La supériorité militaire, aussi écrasante soit elle, ne sert à rien lorsqu'une armée d'occupation combat un ennemi qui peut compter sur le soutien de la population. ... Abiy Ahmet, Nobel de la paix visiblement prématuré, et son dangereux ami érythréen, Isaias Afwerki, ont essuyé un revers. Ils pensaient pouvoir écraser l'ennemi commun sous leurs rangers, mais ce sont les David tigréens ont fait tomber les deux Goliath.»