Quelle politique envers les non-vaccinés ?
Si l'Europe dispose désormais de suffisamment de doses de vaccins contre le Covid, de moins en moins de personnes sont désireuses de se faire vacciner. Ainsi, plusieurs Etats augmentent la pression sur les non-vaccinés. Bien que les vaccinés peuvent eux aussi transmettre le virus, ils sont presque entièrement dispensés de tests. Les non-vaccinés en revanche doivent débourser des sommes importantes dans certains pays pour se tester - ne serait-ce que pour faire le plein, comme en Slovénie par exemple.
Ostraciser les non-vaccinés : une tactique désastreuse
Le gouvernement slovène envisage de rendre obligatoire la présentation du pass sanitaire ou d’un test négatif pour accéder à presque tous les lieux de la vie quotidienne, y compris les stations-services et les centre commerciaux. Primorske novice fustige une mesure qu'il juge conte-productive :
«Les pro-vaccins approuveront l'idée mais à quoi bon : ils sont déjà immunisés. Les anti-vaccins continueront de refuser l'injection. Les esprits libres protesteront contre un autoritarisme de l'Etat cousu de fil blanc, les sceptiques continueront de douter. Nombreux seront ceux qui limiteront à la portion congrue leur vie sociale, en tentant de survivre tant bien que mal. ... Le gouvernement échoue lamentablement à maîtriser toutes les vagues de l'épidémie et c'est le commerce, la culture et le tourisme qui paient les pots cassés. ... Notre qualité de vie à tous en pâtira.»
Il suffit de se faire vacciner, ce n'est pourtant pas sorcier
Le chroniqueur Kęstutis Girnius ne voit pas en quoi les droits des non-vaccinés seraient rognés, comme il l'écrit sur Delfi :
«Les non-vaccinés ne sont pas discriminés, leurs droits ne sont pas artificiellement rabotés. Ce sont eux qui se privent des mesures par lesquelles ils recouvriraient ces droits qui ont été restreints pour tous dans le contexte d'urgence sanitaire. Il n'est pas difficile de les recouvrer, il suffit de se faire vacciner. ... Si le carnet de vaccination divisait la société, tout un chacun serait libre de passer du côté des 'heureux élus' car la vaccination n'est interdite pour personne.»
Trop faire pression a un effet dissuasif
Mettre les non-vaccinés au pilori ne servira à rien, au contraire, fait valoir Neue Zürcher Zeitung :
«On aurait envie de faire enfin entendre raison à ces têtes dures, s'il le faut sous la menace ou en usant de coercition. ... Malgré l'impatience et l'agacement que les non-vaccinés peuvent nous inspirer, ce serait une erreur que de sortir le martinet en renonçant fissa aux principes de liberté. ... Il faudrait plutôt escompter l'effet inverse si les politiques donnaient l'ordre de se rendre séance tenante au vaccinodrome au pas de marche. ... La confidentialité des données de santé et la protection de la vie privée sont des acquis éthiques qu'il convient de préserver autant que faire se peut. Personne ne devrait donc être montré du doigt en raison de son statut vaccinal.»
On ne traite pas ainsi des malades
Le ministre slovène de la Santé a cédé à la pression de médecins et annoncé des aménagements de la règle, adoptée cette semaine seulement, astreignant les non-vaccinés à présenter un test de dépistage rapide négatif pour pouvoir consulter un médecin. Primorske novice juge excessives les mesures du gouvernement pour inciter à la vaccination :
«C'est une épée à double tranchant. Il est irresponsable de déstabiliser encore plus les gens, en ces temps déjà si angoissants. Si on agite en permanence un chiffon rouge sous le nez des gens, ils vont finir par perdre patience et le gouvernement ne pourra s'en prendre qu'à lui même s'ils sont de plus en plus nombreux à battre le pavé. Les récalcitrants se butteront d'autant plus que l'on cherchera à leur forcer la main. Au final, tout le monde y perd.»
L'économie a besoin de pouvoir planifier
Des règles claires sont propices à une reprise de l'économie, lit-on dans Die Presse :
«La distinction entre vaccinés et non-vaccinés a tout son sens, et pas seulement sur le plan sanitaire. Elle redonne à beaucoup de citoyens la confiance de former des projets d'avenir. De faire à nouveau des réservations pour les sports d'hiver, pour des places de théâtre ou une table au restaurant. ... Une ambiance positive incite à la consommation et se ressent généralement sur la croissance. C'est pourquoi il importe, pour les entreprises autrichiennes et leurs collaborateurs, de connaître le plus tôt possible les mesures susceptibles d'être prises pour pouvoir anticiper.»
Un durcissement amoral des restrictions
En Slovénie, les restrictions sanitaires ont été durcies. Ainsi, sans test rapide négatif, les personnes non vaccinées ne peuvent plus consulter un médecin. Primorske novice crie au scandale :
«C'est contraire au serment d'Hippocrate et à l'éthique universelle, à l'humanisme et au respect des droits humains fondamentaux. Les experts l'ont d'ores et déjà souligné. Espérons que le gouvernement entendra ces arguments et rayera cette disposition de la loi. Car quiconque cotise à sa caisse maladie a le droit aux soins médicaux, à tout moment et en tout lieu.»
L'extrême-droite orchestre la lutte contre le pass sanitaire
L'Italie envisage elle aussi d'élargir la présentation obligatoire du pass sanitaire dans certaines situations, notamment pour se rendre au travail, dans beaucoup de professions. L'opposition provient clairement de la droite de la droite, note la philosophe Donatella Di Cesare dans La Stampa :
«Des slogans conspirationnistes, des insinuations négationnistes et, surtout, des propos ouvertement antisémites suffiraient à révéler la nature et la propension du mouvement contre le pass sanitaire. ... Il suffit d'un coup d'œil sur le Web pour tomber sur des étoiles jaunes, obscènement dévoyées comme un emblème de la discrimination de ceux qui ne veulent pas encore se faire vacciner, ou pour rencontrer le terme 'pass' écrit avec les deux SS évoquant le nazisme. ... La bataille contre le pass sanitaire est une bataille réactionnaire, une bataille de droite (voire d'extrême droite).»
Comme des kamikazes
Les non-vaccinés ont le droit de mourir du Covid, mais pas de provoquer la mort de tiers, commente Hürriyet Daily News :
«Dans des circonstances normales, chacun est libre de décider, à quelques exceptions près, s'il souhaite recevoir tel ou tel traitement médical. ... Mais quand la pathologie en question est une pandémie, une menace pour l'humanité entière, dans quelle mesure peut-on permettre à un individu d'agir à sa guise ? Quelle différence y-a-t'il entre un ami contaminé mais ignorant être contagieux et un terroriste qui se mêle à la foule pour y perpétrer un attentat-suicide ? Causer la mort de personnes en propageant le virus ou dégoupiller une grenade et dézinguer des dizaines de personnes, cela ne revient-il pas un peu au même ?»
Autant assigner les non-vaccinés à domicile !
Sur le mode de la plaisanterie, Diena propose au gouvernement un certain nombre d'idées pour faire pression sur les antivax :
«Il faut adopter de nouvelles sanctions, il n'y a pas d'autre issue. Par exemple interdire aux usagers non munis de pass sanitaire d'emprunter les transports. ... Les amendes devraient être plus salées pour ceux qui n'auront pas de pass que pour ceux qui n'auront pas de ticket. Comme ça, le déficit public ne se creusera pas pendant la pandémie, au contraire. La police devrait arrêter toutes les voitures avec des passagers. Si l'un d'entre eux n'a pas de pass, le conducteur sera lui aussi verbalisé, au même tarif que pour conduite en état d'ébriété. Si tout ceci ne suffit pas à convaincre les récalcitrants, une autre piste consisterait à changer d'office la serrure des portes d'entrée et de ne remettre les clefs qu'aux occupants vaccinés. Que ceux qui n'ont pas suffisamment d'anticorps restent enfermés chez eux.»
Les apôtres du vaccin doivent se montrer plus tolérants
En référence au cas relayé par la presse d'une médecin qui aurait rechigné à prendre en charge des antivax ayant contracté le Covid-19, The Irish Independent appelle à ne pas traiter les non-vaccinés comme des pestiférés :
«Et si ce médecin traitant avait montré aussi peu de compréhension envers ses patients en surpoids, fumeurs, fainéants, envers les fous du volant, les femmes atteintes d'un cancer du col de l'utérus ou les personnes vivant avec le VIH ? En effet, il y a tellement de maladies et d'accidents qui sont le résultat de nos choix de vie. Et beaucoup sont évitables. ... Nous aurons besoin de beaucoup de tolérance et de respect d'autrui pour nous relever de cette pandémie. Le chemin sera long, tant économiquement que psychologiquement, alors il serait bon que ceux qui mènent une guerre sainte contre le Covid calment le jeu.»
Sanctionner plus lourdement les réfractaires
En Grèce, les salariés non vaccinés de nombreux secteurs doivent présenter un 'rapid test' une à deux fois par semaine. Pour les activités de loisirs aussi, les non-vaccinés doivent souvent présenter un test négatif pour pénétrer dans les espaces clos. A partir du 13 septembre, le test anti-Covid coûtera dix euros. Une exception sera faite pour les élèves et les personnes présentant des symptômes. Les non-vaccinés s'en tirent à bon compte, s'insurge le médecin Theodoros Vasilakopoulos dans Liberal :
«Je trouve les mesures envers les non-vaccinés trop clémentes. En déboursant 40 euros par mois seulement, ils peuvent préserver leur droit d'être porteur du virus et de contaminer tous azimuts autour d'eux. ... J'ai très peur qu'une fois de plus dans notre pays, les droits d'une minorité, en l'occurrence les non-vaccinés, pèsent plus lourd dans la balance que ceux de la majorité, vaccinée.»
Tolérer les différences nous rend plus forts
Aargauer Zeitung ne craint pas que la politique vaccinale divise la société suisse :
«Le vaccin ne divise pas la société de part en part, elle crée des divisions au sein des familles, des associations, des partis, des entreprises, des voisins. ... Aux Etats-Unis, c'est différent. Le pays est coupé en deux, le vaccin et le port du masque y tiennent lieu de geste politique : le signe distinctif d'une allégeance démocrate. Les républicains, Trump y compris, n'osent pratiquement plus parler de vaccin. Une polarisation aussi totale est dangereuse pour n'importe quel pays. ... Nous devons apprendre à tolérer les avis divergents, à les assumer et à les faire fructifier. Si nous y parvenons en tant qu'individus - dans notre famille et avec nos amis - la cohésion sociale s'en trouvera renforcée.»