Crise gouvernementale en Roumanie
En Roumanie, la coalition tripartite formée du Parti national libéral (PNL), de la formation conservatrice USR-PLUS et du parti de la minorité hongroise UDMR a implosé. Les six ministres USR-PLUS ont annoncé leur démission lundi, après que le Premier ministre, Florin Cîțu, a limogé le ministre de la Justice USR-PLUS, Stelian Ion, sur fond de litiges autour des fonds européens et des réformes judiciaires. L'USR-PLUS envisage désormais de lancer une motion de censure au Parlement avec le parti d'extrême droite AUR.
Des libéraux décevants
De l'avis du portail G4media.ro, le PNL se contrefiche de la justice :
«Les libéraux du PNL et le chef de l'Etat [Klaus Iohannis] sont arrivés au pouvoir grâce à un discours pro-justice ; or ils sont les premiers à avoir négligé les réformes dans ce domaine. Ils ont trahi l'électorat, rompu leurs promesses de campagne et maintenu les changements effectués par le PSD dans les lois judiciaires, comme la 'Section Spéciale' [qui mène des enquêtes contre les juges et les avocats, et dont l'UE a réclamé la suppression] et les dispositions par le biais desquelles ils peuvent continuer à nuire aux magistrats dérangeants. Les libéraux et le chef de l'Etat ont montré qu'ils n'avaient que faire des recommandations de la commission de Venise [du Conseil de l'Europe] et des attentes de la Commission européenne.»
Une coalition trop hétéroclite
Sur le service roumain de Deutsche Welle, la chroniqueuse Sabina Fati évoque toute la complexité de cette crise gouvernementale :
«L'actuelle crise politique en Roumanie dépasse le cadre [des bisbilles habituelles]. Le parti USR-PLUS s'est avéré être un partenaire difficile pour le PNL et l'UDMR ; il compte un trop grand nombre de personnalités et de principes susceptibles de faire sauter les accords transpartisans. Toutefois, l'indignation des leaders de l'USR-PLUS, de concert avec le parti d'extrême droite AUR, a également montré combien les principes des jeunes politiques réformistes étaient élastiques.»
Une extrême droite déconfinée ?
Un accord avec le parti d'extrême droite AUR constituerait un précédent, souligne Krónika :
«Au sein de l'USR-PLUS, les velléités de vengeance ont pris le dessus sur le bon sens, ce qui explique pourquoi le parti serait prêt à négocier avec l'AUR une éventuelle motion de censure commune. … Bonne chance à eux ! Le PSD ne pourra plus reprocher à personne de vouloir conclure une alliance avec l'AUR, maintenant que l'USR-PLUS, qui aime pourtant se présenter comme le premier défenseur de l'Etat de droit, a décidé de rompre le confinement politique du parti extrémiste.»