Lettonie : l'armée peut-elle justifier des tirs en pleine capitale ?
L'armée lettonne effectue actuellement sa grande manœuvre annuelle, Namejs, mobilisant quelque 10.000 soldats. Cette année, l'opération prévoit des échanges de tirs réels dans le centre de la capitale, ce qui a suscité la peur et la confusion de passants et une vague d'indignation sur les réseaux sociaux. Si la presse lettone comprend ces réactions, elle estime toutefois qu'il est dans l'intérêt supérieur du pays de permettre aux forces armées de s'entraîner avec de pareilles simulations.
La réalité d'une guerre hybride
Pour Diena, l'émoi est surtout le résultat d'une communication insuffisante :
«Pour un certain nombre de citoyens, voir dans les rues des soldats lourdement armés, qui se mettent à couvert derrière l'angle des immeubles et tirent de temps à autres des coups en l'air, peut sembler quelque peu exagéré et angoissant. Mais si l'on expliquait ouvertement aux gens que le but de cet exercice militaire est de se dérouler dans les conditions réelles d'une guerre hybride, avec un ennemi évoluant dans les rues de Riga, mais 'invisible' et difficile à identifier, et éventuellement soutenu par des forces pro-russes, à ce moment-là, des citoyens lettons responsables ne s'en émouvraient pas autant.»
Une thérapie de choc riche d'enseignements
Latvijas avize commente une vidéo qui a suscité beaucoup de réactions. On y voit une femme avec un enfant en pleurs et des soldats armés prêts à tirer :
«Cet épisode abondamment discuté sur les réseaux sociaux s'est déroulé près du ministère de la Défense. Dans beaucoup de pays, même dans des conditions normales, les abords de ce type de bâtiments ne sont pas accessibles au public. Chez nous, le discours est différent : si la présence de l'armée ou le bruit des fusillades au centre de Riga angoisse quelqu'un, ce quelqu'un n'a qu'à passer par une autre rue, tout simplement. A cet égard, l'exercice a été un précieux enseignement pour l'armée et le ministère de la Défense. ... Car il permet de tirer de véritables conclusions sur les réactions de la société dans une situation de guerre réelle au cœur de la capitale.»