Le promoteur chinois Evergrande en difficulté
La crise que traverse Evergrande, deuxième groupe immobilier de Chine, s'aggrave. Les actions de l'entreprise ont perdu plus de 80 pour cent de leur valeur depuis le début de l'année. Les investisseurs craignent qu'une faillite du promoteur ait des répercussions majeures dans le monde, à l'image de celle de la banque Lehman Brothers en 2018. Un parallèle que la presse européenne tend à infirmer.
Pékin aura le dernier mot
Il se peut que la solution à l'endettement d'Evergrande nous surprenne, lit-on dans tagesschau.de :
«La République populaire de Chine n'est ni une économie de marché ni un Etat de droit. Quand il y des décisions économiques importantes à prendre, c'est toujours la direction communiste qui a le dernier mot. Il est donc fort possible que dans la crise Evergrande, elle tire du chapeau une solution absurde, dont la logique économique et le fonctionnement resteront opaques aux observateurs étrangers. ... Finalement, on peut s'attendre à ce que les dirigeants de l'Etat et du parti exploitent la crise pour expliquer à la population qu'on ne peut pas faire confiance à l'économie privée, et que l'Etat et le PC sont les seules instances fiables. »
Les fonds internationaux seront les perdants
Pékin viendra au secours d'Evergrande, assure également La Stampa :
«Il est déjà question d'un accord qui permettrait à d'autres groupes immobiliers de mener à terme les projets de construction entamés par Evergrande, tandis que le gouvernement annulera les dettes de l'entreprise et sauvera ainsi les banques locales. Les perdants de cette débâcle 'made in China', ce seront les grands fonds internationaux, qui devront faire une croix sur leurs investissements dans l'énorme bulle chinoise. Ces messieurs-dames de Wall Street et de la City de Londres ne descendront certainement pas dans les rues de Guangzhou, Shanghai ou Shenzhen pour manifester. Il n'y a aucune raison d'avoir pitié d'eux, car une fois de plus, ils ont fait fi du principe 'caveat emptor' ['que l'acheteur soit vigilant'] lorsqu'ils se sont rués sur des titres très rentables, mais extrêmement risqués.»
La légitimité du régime est en jeu
L'affaire pourrait être risquée pour Pékin, analyse La Vanguardia :
«Le régime de Xi Jinping ne peut se permettre de remettre en cause la stabilité sociale. Il ne faut pas oublier que l'autoritarisme chinois trouve sa légitimation auprès de la population car il se pose en garant de la croissance économique et de la stabilité sociale. Une crise de cette ampleur pourrait donc avoir de graves conséquences pour Pékin. Pendant des années, les Chinois ont investi dans le marché immobilier, convaincus que les prix ne baisseraient jamais. Or si l'épargne ainsi placée fondait comme neige au soleil, le mécontentement social serait considérable et pourrait avoir des répercussions insoupçonnées.»