Suisse : une pétition en vue d'un référendum contre Frontex
En sa qualité de membre de l'espace Schengen, la Suisse est tenue de contribuer à la sécurisation des frontières extérieures de l'UE. En septembre, le parlement helvète avait donc décidé d'allouer 61 millions de francs suisses par an à Frontex. Les défenseurs des migrants jugent cette aide irrecevable en raison des pushbacks illégaux que l'agence est accusée de pratiquer aux frontières. Ils veulent renverser la décision par la voie référendaire. Un référendum pourrait-il faire bouger les lignes ?
Dénoncer la double morale de l'UE
Les nobles valeurs prônées par l'Union européenne n'ont plus cours en dehors du périmètre de celle-ci, critique St. Galler Tagblatt :
«Dans les faits, l'UE connaît deux sortes de valeurs : celles applicables à ses ressortissantes et à ses ressortissants, et celles applicables aux migrantes et aux migrants qui frappent à sa porte. Frontex est chargée de gérer cette frontière. Ces dernières années, l'agence a fait les gros titres pour avoir commis (ou cautionné) des violations des droits humains, et pour ses refoulements illégaux (pushbacks). ... Il faut espérer que le référendum contre la participation de la Suisse puisse avoir lieu. Par un débat critique et un vote contre Frontex, la Suisse pourrait contribuer à dénoncer la double morale de l'UE.»
Ne pas abandonner les frontières à des cerbères sans scrupules
La Suisse a une responsabilité à assumer, argumente pour sa part Neue Zürcher Zeitung :
«C'est le devoir de la Suisse d'assumer les tâches qui lui incombent, même quand elles sont désagréables, et de s'engager clairement pour le respect de la dignité humaine. Ceux qui ne veulent pas coopérer avec Frontex sont les premiers à livrer les frontières extérieures à des cerbères sans scrupules. Il est bien naïf de s'imaginer qu'un référendum en Suisse puisse augmenter la pression sur l'UE en vue de réformer l'espace Schengen et Frontex. ... La Suisse devrait elle aussi, en fournissant des gardes frontières, veiller à ce que la lutte contre l'immigration illégale se fasse dans le respect de l'Etat de droit. C'est tout simplement manquer à un devoir de solidarité que de laisser les gardes-côtes italiens se débrouiller seuls avec le drame quotidien des réfugiés en Méditerranée.»