Roumanie : le président visé par une motion de censure
Le parti d'extrême droite AUR cherche à destituer le président roumain, Klaus Iohannis. Pour cela, il devra trouver un tiers de voix au Parlement pour lancer un vote de défiance. Puis, si une majorité vote pour la défiance, le peuple est appelé à se prononcer par référendum. Un tel cas de figure ne s'est encore jamais produit. Mais avec la multiplication des crises gouvernementales et ses agissements pendant la pandémie, la côte de popularité de Iohannis est au plus bas (14 pour cent).
Un bon timing
Le parti d'extrême droite manœuvre de façon habile, analyse le service roumain de Deutsche Welle :
«D'un point de vue purement politique, c'est le moment idéal pour l'AUR d'aggraver un peu plus la crise. Pourquoi, du reste, le cynisme des nationalistes serait-il plus cynique que celui du président ? Klaus Iohannis maintient le pays sous respirateur depuis deux mois, en sachant très bien que sur cette période, plus de 15 000 Roumains sont morts [du Covid-19]. Vu le nombre de victimes, son attentisme froid et indifférent est difficilement supportable ; par ailleurs, il est tout à fait incompréhensible qu'il aille golfer et visiter les pyramides d'Egypte alors que son pays traverse l'un de ses pires moments. ... Seuls les libéraux le suivent aveuglément dans une trajectoire qui va pourtant droit dans le mur.»
Les autres partis ne coopéreront pas
En dépit d'une ire populaire considérable, il ne se trouvera pas de majorité parlementaire pour voter en faveur d'une destitution, estime le journaliste Florin Negruțiu sur le site republica.ro :
«Iohannis peut s'estimer heureux que l'initiative vienne de l'AUR. Aucun parti ne voudra lancer de croisade contre Iohannis sous l'étendard de ce parti. En cette période de crise, le PSD et l'USR [partis d'opposition] jouent la carte de la responsabilité. Le PNL et l'UDMR font partie de la coalition gouvernementale. Dans ces conditions, l'AUR ne pourra trouver de majorité pour la destitution. ... Si les politiques laissaient la décision au peuple, alors Iohannis serait certainement le premier président à être destitué.»