Telecom Italia rachetée par un fonds américain ?
Le fonds d'investissement américain KKR entend racheter Telecom Italia (TIM), premier groupe italien de télécommunications. La reprise devra être avalisée par l'Etat italien, qui, en plus de détenir 9,8 pour cent des actions de l'opérateur, peut actionner le "Golden Power", mécanisme permettant de protéger les actifs nationaux stratégiques. La presse du pays évoque les enjeux de cette OPA.
L'Etat doit s'interposer
Avvenire espère que Rome s'opposera à la reprise en invoquant le "Golden Power" :
«La question qui se pose est de savoir comment défendre l'intérêt général, à savoir un accès universel et de haute qualité au réseau de télécommunication, si le propriétaire de ce dernier est un fonds d'investissement privé, dont l'objectif est la maximisation à court terme du rendement du capital - et qui n'a donc aucun intérêt à investir dans la qualité du réseau dans des secteurs moins rentables. Il ne se trouve aucun pays industrialisé avancé dans lequel le réseau de télécommunications est entre les mains d'un fonds privé, et cela n'a rien de fortuit. … La loi 'Golden Power' est l'arme dont dispose le gouvernement pour préserver les intérêts stratégiques de l'action d'une entreprise privée.»
L'infrastructure sera protégée
Tant que la sécurité nationale est garantie, la reprise ne pose pas problème, affirme pour sa part La Repubblica :
«Les initiés parlent de 'backbone', d'épine dorsale. En plus du réseau primaire et secondaire national, il s'agit aussi des 600 000 km de câbles de fibres optiques (majoritairement sous-marins) gérés par la filiale Telecom Sparkle, et dont le chiffrage et la sécurité sont assurés par la petite [société de cybersécurité] Telsy. Il s'agit d'une infrastructure au cœur de notre sécurité nationale. ... Le gouvernement italien est prêt à protéger notre 'backbone'. C'est-à-dire que dans l'OPA amicale menée par les Américains de KKR, le réseau et ses infrastructures seront définitivement séparées de la partie 'services'.»