Affaire Kavala : exclure la Turquie du Conseil de l'Europe ?
Un tribunal stambouliote a décidé vendredi que le mécène incarcéré depuis quatre ans Osman Kavala resterait en prison. Depuis des années, la cour européenne des droits de l'homme demande quant à elle sa libération. La Turquie encourt désormais le risque de se voire écartée du Conseil de l'Europe. La procédure d'exclusion doit commencer la semaine prochaine.
Erdoğan n'en fait qu'à sa tête
Le président turc est hermétique aux critiques occidentales, écrit Susanne Güsten, la correspondante du Tagesspiegel à Istanbul :
«Il contrôle la majorité des médias du pays et affirme haut et fort que son pays est un Etat de droit irréprochable que l'Amérique et l'Europe envient à tel point qu'elles l'accablent incessamment de reproches sans fondements. Ce sera probablement la ligne argumentative qu'il suivra lorsque le Conseil de l'Europe engagera sa procédure d'exclusion la semaine prochaine, et beaucoup de Turcs le croiront. Erdoğan et ses partisans vivent dans un genre de monde parallèle, dans lequel les réalités politiques jouent un rôle tout au plus secondaire. L'adhésion à l'UE ne les intéresse plus. Le Conseil de l'Europe devrait donc, ne serait-ce que pour préserver sa propre crédibilité, engager réellement cette procédure d'exclusion.»
Un test en matière de démocratie
T24 doute que le Conseil de l'Europe aille jusqu'au bout de ses convictions et applique des sanctions :
«En vertu des principes fondateurs du Conseil de l'Europe et de la Cour européenne des droits de l'homme, le verdict est clair : exclusion du Conseil. Si l'on trouve la décision trop dure : gel de l'adhésion au Conseil. Y a-t-il une troisième possibilité ? Non, et il ne devrait pas y en avoir. C'est un test pour le Conseil de l'Europe. Un de plus, le Conseil ayant à plusieurs reprise échoué à cette épreuve.»