L'engrais bélarusse fait vaciller le gouvernement lituanien
Depuis le début de la contestation contre Loukachenko au Bélarus, la Lituanie s'est rangée du côté de l'opposition et a donné l'asile politique à plusieurs militants. Or il a été révélé qu'en dépit des sanctions occidentales contre l'entreprise d'Etat Belaruskali, la société lituanienne de chemins de fer (LTG) convoyait l'engrais de la firme ostracisée. Les ministres des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, et des Transports, Marius Skuodis, ont déjà annoncé leur démission.
Pour Loukachenko, c'est cadeau
Le scénario actuel est idéal pour le dirigeant bélarusse, déplore le journaliste et politique Arūnas Valinskas sur le portail 15min :
«Nos partenaires étrangers se soucient peu de savoir qui siège à tel ou tel ministère. Ces petits jeux n'intéressent que nous ; l'opposition y voit l'occasion d'ébranler quelque peu l'assise du gouvernement. Ce qui est primordial, c'est l'impression que laisse notre Etat dans ce scandale. Or nous faisons fort piètre figure, pour dire les choses poliment. Nous donnons l'asile politique à Svetlana Tikhanovskaïa, mais nous protégeons les wagons d'engrais du dictateur qui traversent notre pays. ... La Lituanie a fait à Loukachenko le plus beau cadeau de Noël : le transit se poursuit et le gouvernement chancelle.»
Pas la responsabilité de l'Etat
La responsabilité revient principalement à la société lituanienne des chemins de fer (LTG), et non à l'Etat, assure l'avocat et professeur de droit Gintautas Bartkus sur LRT :
«Exceptionnellement, c'est LTG qui a la responsabilité de décider de maintenir le contrat ou non. Aucun ministre, et aucun gouvernement 'in corpore' n'ont le droit de contraindre une entreprise sur la question d'un contrat concret. ... Il se peut que l'entreprise se soit tournée vers des juristes et qu'on l'ait assurée qu'elle pouvait continuer à honorer le contrat, en dépit des sanctions. Si l'opinion publique avait accès à cette expertise ainsi qu'à ses auteurs, on éviterait de nombreuses spéculations.»