Macron monte au crénau contre les non-vaccinés
Le président français Emmanuel Macron fait les gros titres avec des déclarations à l'emporte-pièce : "Les non-vaccinés j'ai très envie de les emmerder et donc on va continuer de le faire jusqu'au bout, ... à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, prendre un canon, boire un café, aller au théâtre, aller au ciné...", a-t-il déclaré dans une interview au Parisien. La presse européenne reproche à Macron une démarche calculatrice et un manque d'empathie.
Un président qui ne comprend pas son peuple
En disant 'avoir très envie d'emmerder les non-vaccinés', Macron se cause du tort à lui-même, estime The Spectator :
«De toute évidence, Macron n'a rien appris de ses écarts de conduite et ses dernières remarques choquantes confortent l'impression d'un président insensible qui ne comprend pas les gens qu'il gouverne. Tous ses propos belliqueux n'auront qu'un seul effet : celui de braquer les non-vaccinés contre lui. Du reste, 90 pour cent des vaccinés se rangent à l'avis de Marine Le Pen quand celle-ci estime que de tels commentaires sont indignes de la fonction qu'il exerce.»
Un trumpisme à la française
Les propos de Macron ont des accents trumpistes, estime Le Figaro :
«Aucun chef d'Etat et de gouvernement d'un pays démocratique n'a usé d'une langue aussi peu en résonance avec les canons démocratiques ces derniers mois. Ce tournant n'a rien de surprenant ; il prolonge un engrenage que la crise sanitaire aura tout simplement accéléré. Il y a un point commun entre Donald Trump et Emmanuel Macron : non pas leur base sociologique mais leur détermination décomplexée à la mobiliser au travers d'une communication aussi cash que blessante pour ceux qui s'opposeraient à eux. De ce point de vue, le macronisme n'est rien d'autre que le trumpisme des élites.»
Le niveau dégènère
Macron entre enfin en campagne, mais il s'y prend très mal, estime L'Obs :
«Vous auriez pu citer Karl Marx, pour qui 'la liberté est la conscience des nécessités', ou bien Rosa Luxembourg, qui précisait que 'la liberté, c'est toujours la liberté de l'autre'. Vous auriez pu philosopher, donc, faire des pirouettes, vilipender les outlaws depuis les sommets, tel saint Louis sous son chêne. Vous avez choisi de descendre dans l'arène présidentielle, celle des punchlines et des phrases qui sentent la poudre. ... Vous avez donc pris l'option de vous salir les mains, de montrer vos muscles.»
Un pari qui pourrait fonctionner
Cette polémique s'inscrit dans la stratégie de campagne de Macron, estime Troud :
«A peine plus de 100 jours avant le premier tour des présidentielles, l'emploi du verbe 'emmerder' a suscité une vague d'indignation au sein de la classe politique et parmi les personnalités de la vie publique. La candidate du parti de droite LR, Valérie Pécresse, qui pourrait affronter le président sortant au second tour, a reproché au chef de l'Etat de répartir les Français en 'bons et mauvais'. ... Emmanuel Macron lance l'offensive et se sert de la crise sanitaire pour prendre les devants. De récentes études montrent que près de deux tiers des Français sont favorables à l'instauration du pass vaccinal.»