UE : un 'conseil de pilotage' pour l'espace Schengen ?
Emmanuel Macron entend profiter de la présidence française de l'UE pour mener à bien un projet de réforme de l'espace Schengen. Celui-ci prévoit que les ministres de l'Intérieur des Etats membres se réunissent au sein d'un conseil, afin de mieux coordonner le contrôle des frontières extérieures et d'améliorer la libre-circulation au sein de l'espace Schengen. La presse s'interroge sur cette initiative.
Une initiative potentiellement judicieuse
Un "Conseil Schengen" informel pourrait trancher le nœud gordien de la politique migratoire européenne, estime Der Standard :
«Macron veut renforcer la sécurité en Europe et harmoniser la politique d'asile et d'immigration. L'idée, c'est que les ministres de l'Intérieur des pays concernés puissent se retrouver en dehors du Conseil de l'UE, avec des frontières intérieurs ouvertes et des frontières extérieures communes. L'un ou l'une d'entre eux serait élu chef de groupe pour une période donnée. Paris évoque à titre d'exemple l''Eurogroupe' des ministres des Finances de l'UE. ... Si ce conseil de pilotage de Schengen permettait de surmonter les paralysies nationales et de générer des compromis gouvernementaux, alors il serait judicieux.»
La désunion européenne
Le problème de base reste irrésolu, analyse Frankfurter Allgemeine Zeitung :
«Le litige récurrent sur l'ouverture des frontières dans l'UE procède en effet d'un désaccord fondamental sur l'immigration. Le fait est que des pays comme l'Allemagne veulent accueillir des migrants clandestins, tandis que d'autres voudraient des frontières hermétiques, et la tenue régulière de débats au sein du Conseil des ministres de l'Intérieur de l'UE ne permettra pas, à elle seule, de trancher la question. Et si d'aventure Macron perdait les présidentielles, alors selon toute vraisemblance, le gouvernement pro-immigration allemand ne devrait plus avoir de partenaire à Paris sur ce point, mais un adversaire.»
Le retour des frontières intérieures
Les frontières intérieures ayant été régulièrement fermées ces dernières années, en raison notamment de la pandémie, l'espace Schengen n'est plus qu'une illusion, critique Jean Quatremer, correspondant européen de Libération :
«En reprenant à son compte les positions françaises, [la Commission européenne] cherche simplement à sauvegarder les apparences. Ainsi, le 'contrôle politique' de Schengen acte de fait que chaque Etat reste libre de rétablir des contrôles aux frontières intérieures. Et sa proposition de durcir à nouveau les conditions d'entrée des étrangers dans un espace non pas de libre circulation, mais de circulation contrôlée, ne fait que confirmer que l'Europe se transforme en forteresse. Au menu : frontières pour tout le monde.»