Visite de Macron à Moscou : quel bilan ?
Lors de son déplacement à Moscou, le président français, Emmanuel Macron, s'est entretenu pendant six heures de la crise ukrainienne avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Si aucun résultat concret n'a été obtenu, Poutine a jugé la discussion constructive. Macron affirme pour sa part avoir constaté plusieurs désaccords, mais aussi des points de convergence. La presse ne fait pas grand cas de cette rencontre.
La psychologie ne résoudra pas le problème...
L'initiative de Macron est louable mais repose sur un postulat erroné, juge La Repubblica :
«Dans Le Journal du Dimanche, Macron semble indiquer qu'il est le seul à avoir compris les 'blessures contemporaines' de la 'grande nation russe'. Celles-ci sont assez claires en réalité : il s'agit de la défaite dans la guerre froide, et de la perte consécutive de l'ancienne sphère d'influence de l'espace ex-soviétique. Ce qui n'est pas clair en revanche, c'est la résolution du problème : s'il est légitime que la Russie, comme tous les pays, veuille préserver sa sécurité, comment faire pour reconnaître ces intérêts sans céder au chantage de l'usage de la force, et sans sacrifier des principes essentiels tels que l'intégrité et la souveraineté des Etats situés entre la Russie et l'Europe ?»
'Macron le pacifiste' se met en scène
La venue de Macron au Kremlin n'est qu'une simple manœuvre électorale, assure Ria Novosti :
«Macron s'est envolé pour Moscou au moment où les craintes occidentales d'une 'invasion russe imminente en Ukraine' atteignaient un degré de délire maximal. Bien entendu, le président français ne croit pas que les chars russes sont sur le point de s'élancer vers Kiev. Pas parce qu'il s'est entretenu à trois reprises avec Poutine au téléphone ces derniers jours ; se rallier au battage des Anglo-Saxons n'a aucun sens à ses yeux. Cela ne lui déplaît pas en revanche de tenter de tirer profit de la situation actuelle, pour la France comme pour lui-même. A deux mois des présidentielles, un déplacement réussi à Moscou et tout effort visant à empêcher la 'guerre en Europe' pourront aider Macron à être réélu.»
Un pari qui peut tourner court
Cette visite est surtout liée aux présidentielles françaises, renchérit De Telegraaf :
«Pour Macron, désireux d'être réélu en avril, s'asseoir à la table de Poutine peut s'avérer utile : tandis que ses rivaux en sont réduits à animer des meetings devant quelques milliers de personnes, lui peut montrer qu'il joue un rôle important sur la scène internationale. Mais si ses efforts de médiation échouent, il en ressentira le contrecoup pour le reste de la campagne électorale. L'imprévisible Poutine sait très bien qu'il peut influencer le scrutin. Il est donc possible que le chef de l'Etat français veuille avant tout jouer la montre : tout du moins préserve le statu quo jusqu'au 24 avril, date du second tour.»