La France retire ses troupes du Mali
La France, les alliés européens et le Canada entendent retirer leurs troupes du Mali, neuf ans après le début de leur intervention. Celles-ci appuyaient les forces armées locales dans leur combat contre les groupes djihadistes. Les relations entre la junte militaire qui avait pris le pouvoir à Bamako en 2021 et l'Etat français s'étaient dégradées. La presse approuve ce retrait, mais redoute des complications.
Des mission vouées à être des interventions de pompiers
Dans Le Figaro, l'ex-officier et historien Michel Goya explique les problèmes que pose ce type de missions :
«On ne pouvait s'empêcher de répondre aux appels des Etats en danger, mais en même temps nous savions que le marquant néocolonial serait rapidement collé à cette intervention. Dans ces conditions, une intervention militaire étrangère ne pouvait être qu'une intervention de pompiers. Si les pompiers éteignent l'incendie, tout le monde est content et ils peuvent partir la tête haute. S'ils n'éteignent pas l'incendie et restent dans la maison, ils passeront rapidement comme indispensables pour certains, mais incompétents, voire suspects, pour d'autres. Et même pour des intrus s'ils commencent à donner des conseils.»
La double-morale coupable de Macron
Rudolf Balmer, correspondant de taz en France, s'étonne de ce que la France ne fasse pas son autocritique :
«Il est consternant de voir de quelle façon l'Etat français fait fi des accusations de morgue néocoloniale ou bien y répond par des ripostes verbales arrogantes. Paris a condamné le coup d'Etat au Mali, mais il n'a rien fait lorsqu'au Tchad voisin, Mahamat Déby, fils du président défunt Idriss Déby, a hérité du pouvoir sans qu'aucune forme de scrutin ne soit organisée. Cette double-morale a choqué, et pas qu'au Mali. Le gouvernement de Macron a au moins une part de responsabilité dans la dégradation rapide des relations avec la junte au pouvoir à Bamako, au point que l'ambassadeur français a été expulsé du pays.»
La russie pourrait s'engouffrer dans la brèche
Neue Zürcher Zeitung approuve le retrait mais en redoute les conséquences géopolitiques :
«Les mercenaires du groupe Wagner sont déjà dans le pays et personne ne doute qu'ils essaieront de combler le vide qui se crée désormais dans cet Etat du Sahel en termes de politique sécuritaire. Une extension de l'influence russe au Mali serait douloureuse pour l'Europe, tout particulièrement au niveau de l'immigration : le pays est situé sur la principale route migratoire d'Afrique de l'Ouest. Perdre le partenariat avec Bamako, c'est perdre le contrôle des flux migratoires dans la région.»
Eviter de telles erreurs à l'avenir
La Suède a elle aussi participé à l'intervention au Mali et retire ses troupes du pays. Sydsvenskan salue la décision et appelle à faire le bilan :
«Une commission d'enquête peut contribuer à éviter de reproduire ces erreurs à l'avenir. ... Les missions à l'étranger sont importantes car il y a de véritables problèmes sécuritaires en jeu. N'oublions pas qu'il est question d'êtres humains. De ceux qui font l'objet de ces efforts, et de ceux qui les accomplissent. ... Quand une tentative s'avère infructueuse, il est important d'y mettre fin. Si les soldats suédois ne sont plus en mesure d'accomplir leur mission, on risque de ne plus avoir le soutien de la population que ces missions sont censées protéger.»