Crimes de guerre : quels avantages à traduire Poutine en justice ?
Bombardements et attaques d'hôpitaux, de zones d'habitation, de civils : en temps de guerre, ces actes sont officiellement définis comme autant de crimes de guerre. A ce titre, la Cour pénale internationale a ouvert dès le 3 mars une enquête sur les attaques de la Russie contre l'Ukraine. Mercredi dernier, le président américain a qualifié Poutine de criminel de guerre. Les éditorialistes s'interrogent sur le qualificatif et sur ce que pourrait apporter un procès.
Seuls les Russes peuvent exiger que justice soit faite
Il ne sera pas facile de demander des comptes à Vladimir Poutine, lit-on dans La Libre Belgique :
«Sans frémir, les apparatchiks moscovites nient en bloc. Ils ne se soumettront jamais à l'autorité d'instances supranationales telles que la Cour pénale internationale. Or, c'est bien le verdict d'un juge qui permettrait de donner une valeur juridique à l'insulte de Joe Biden ... . Désormais estampillé comme un 'criminel de guerre' par le chef du monde libre, Vladimir Poutine va-t-il subir le sort de Slobodan Milosevic ? Ici aussi, ne nous leurrons pas : si rien ne change dans l'équilibre du pouvoir à Moscou, et si les Russes ne sont pas capables de demander eux-mêmes justice pour les crimes de leur maître, personne n'ira chercher Vladimir Poutine pour le forcer à comparaître à La Haye.»
Pire que Saddam Hussein
Il ne fait aucun doute que Poutine est un criminel de guerre, écrit Jutarnji list :
«Ce que Poutine a infligé à l'Ukraine ne le cède en rien à l'attaque et à l'occupation du Koweït par Saddam Hussein, à cette différence près que les Russes laissent derrière eux un bilan bien plus lugubre en termes de vies humaines et de terres brûlées que ne l'avait fait l'armée irakienne à l'époque. Pendant des années, l'Irak avait été frappé de sanctions, avant que Saddam Hussein ne finisse par payer ses actes de sa vie. Compte tenu de l'ampleur de la destruction que connaît l'Ukraine, il n'y a pas de raison de réserver à Poutine un autre traitement qu'à Saddam Hussein. ... Et même s'il réussit à échapper à un procès, il portera à jamais le stigmate d'un criminel de guerre et ne pourra jouir que de la compagnie de ses pairs, tel Loukachenko ou les dictateurs de Syrie et de Corée du Nord.»