République tchèque : inculpation d'Andrej Babiš
A l'issue d'une procédure d'instruction qui aura duré des années, l'ex-chef du gouvernement tchèque Andrej Babiš a été officiellement inculpé, lundi à Prague. Il encourt une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de prison pour avoir touché frauduleusement des subventions pour la construction de son 'nid de cigogne' : un centre de vacances avec salles de conférences pour sa société holding Agrofert. Réactions partagées de la presse nationale.
Une justice trop lente
Aktuálně.cz déplore que l'information judiciaire traîne autant en longueur :
«On comprendrait les retards dans l'affaire dite du nid de cigogne s'il s'agissait d'une corruption préméditée, compliquée, diabolique et de grande envergure. Mais la réalité est tout autre : un milliardaire a tout simplement eu envie de s'offrir une maison de vacances. Ne voulant pas payer l'addition tout seul, il a essayé de toucher des fonds européens et a fini par y arriver. Ce n'était même pas strictement confidentiel. ... C'est une bien mauvaise carte de visite pour l'Etat qu'une affaire relativement simple traîne si longtemps et qu'il faille un changement de gouvernement pour que l'on parvienne à une solution.»
Un journalisme d'oligarques
Hospodářské noviny est affligé par la couverture de l'inculpation pour fraude faite par les médias appartenant à l'empire médiatique de Babiš :
«Alors que l'accusation contre Babiš faisait la une de tous les sites d'information tchèques lundi après-midi, le titre détenu par Babiš iDnes reléguait la nouvelle au dixième rang, loin derrière les annonces publicitaires, sous l'intitulé 'Un procès construit de toutes pièces'. On explique donc au lecteur ce qu'il faut en penser, faisant presque passer Babiš pour un dissident. On ne saurait trouver une forme plus pure de journalisme servile à la botte d'un oligarque.»