Inquiétude après les explosions en Transnistrie
Les explosions qui se sont produites dans la province séparatiste de Transnistrie, dans l'est de la Moldavie, font redouter une extension de la guerre en Ukraine. La première a touché un bâtiment gouvernemental à Tiraspol, les suivantes ont détruit deux antennes radio. Située à 40 km de la ville portuaire d'Odessa, la Transnistrie est contrôlée depuis 1992 par des séparatistes pro-russes. La presse s'inquiète.
Le scénario habituel
La Russie pourrait profiter de la situation, juge le service roumain de Deutsche Welle :
«La Moldavie est un Etat neutre en vertu de sa Constitution, et, dans le conflit actuel, elle a demandé aux autres Etats - y compris à la Russie - de respecter ce statut. La Russie n'en fera pas grand cas cependant ; elle pourrait à tout moment reconnaître la région séparatiste située sur la rive gauche du Dniestr et intervenir militairement. Comme elle l'a déjà fait dans les provinces séparatistes de Lougansk et Donetsk en 2014, et avec l'invasion du 24 février 2022. Et comme elle l'a fait en août 2008, lorsqu'elle avait reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud et attaqué la Géorgie.»
Poutine ne s'arrêtera pas tout seul
Il est temps de mettre le holà à l'armée russe, estime La Stampa :
«Les mystérieuses explosions en Transnistrie sont interprétées aussi bien par Kiev que par Chișinău comme une tentative de Moscou de happer la Moldavie dans le vortex de la guerre, et d'étendre le conflit au-delà des frontières de l'Ukraine. La seule possibilité d'empêcher une escalade de la guerre - en Ukraine comme au-delà des frontières - consiste à arrêter Poutine. ... La seule façon d'y parvenir, c'est de faire en sorte qu'il ne remporte pas cette phase de la guerre. Car s'il s'impose, il n'y aura pas de paix : l'agression entrera simplement dans une nouvelle phase, plus brutale et plus dangereuse encore.»
Bucarest appelée à s'activer
wPolityce s'attend à une évolution du rôle de la Roumanie :
«La situation est particulièrement intéressante, notamment en ce qui concerne la situation dans l'UE. Bucarest a tenté de trouver un juste milieu, en se déclarant favorable au renforcement de la défense du flanc oriental et de la présence militaire américaine, tout en s'efforçant de ne pas jouer les premiers rôles lorsqu'il a fallu témoigner un soutien politique à l'Ukraine. Il suffit de relever que le président Klaus Iohannis est l'un des rares chefs d'Etat européens à ne pas s'être rendu à Kiev pendant la guerre. La situation pourrait toutefois changer désormais.»
Unir la Moldavie et la Roumanie
La Moldavie doit être incorporée le plus vite possible à l'Etat roumain, fait valoir l'analyste Stefan Vlaston dans Adevărul :
«L'union aurait dû se produire il y a longtemps déjà, mais la volonté des Moldaves et de leurs dirigeants de préserver un Etat souverain et indépendant était tout à fait compréhensible. Aujourd'hui, nous nous trouvons toutefois dans une situation extrême. ... Ainsi, le territoire de la Moldavie pourrait être placé sous l'égide d'un Etat de l'OTAN, et les troupes de l'OTAN pourraient y être déployées pour le protéger. Un scénario surréaliste, certainement. Mais à moins de s'y résoudre, nous pourrions être contraints d'assister en Moldavie aux mêmes atrocités que celles perpétrées à Marioupol, Boutcha et ailleurs, qui ont plongé le monde dans l'effroi.»
Les conflits gelés, des bombes à retardement
Radio Kommersant FM évoque la Transnistrie :
«Depuis la désintégration de l'Union soviétique, les élites locales ont créé leur propre Etat. Elles ont développé une coopération avec la Russie, l'Ukraine et le gouvernement moldave. C'est une bonne chose, mais il faut aussi comprendre que cet état de fait ne peut pas se prolonger ainsi éternellement. Par essence, les conflits gelés ont tendance à se réveiller sous une forme ou sous une autre. Ce sont des bombes à retardement.»