Frontex : Bruxelles appelée à sévir ?
L'agence de surveillance des frontières extérieures de l'UE et celui qui a été son directeur pendant des années, Fabrice Leggeri, sont sous le feu des critiques. Il leur est notamment reproché d'avoir procédé à des refoulements illégaux de migrants (pushbacks). Leggeri a démissionné il y a deux semaines en raison de l'enquête de l'office antifraude de l'UE (OLAF). Les éditorialistes reviennent sur ces dysfonctionnements.
La Grèce ne pourra dissimuler éternellement sa culpabilité
Il faut espérer que le jeu du chat et de la souris quant à la dissimulation des pushbacks s'achèvera bientôt, écrit le site News247 :
«Le problème ne disparaîtra pas de lui-même, comme par magie. La question des réfugiés ne cessera pas d'exister simplement parce qu'elle est 'désagréable'. Tout cela montre toute la difficulté de la situation dans laquelle se trouve notre pays dans ce dossier. Il est temps que le secret des pushbacks en mer Egée, noyé avec la complicité des autorités européennes, remonte lentement à la surface. A ce moment-là, le véritable coupable ne pourra partager avec personne sa responsabilité. Tout le monde montrera la Grèce du doigt et personne ne nous ménagera.»
Une démission qui trahit de profondes contradictions
L'agence ne peut accomplir sa mission si elle ne dispose pas d'un mandat clair, fait valoir Neue Zürcher Zeitung :
«Frontex est tributaire d'une bonne coopération avec les Etats frontaliers. Les autorités nationales, pour leur part, ne sont absolument pas tenues de se laisser 'superviser'. ... La vérité pure et simple, c'est que les gardes-frontières de l'Europe ne peuvent bien faire leur travail que si les Etats-membres leur en donnent les moyens. Dans les capitales du continent toutefois, on semble s'être accommodé depuis longtemps des terribles scènes qui se produisent aux frontières extérieures de l'UE - il suffit à leur sens que l'immigration soit contenue. De ce point de vue, la démission de Leggeri est pour Frontex plus qu'un simple coup de pied de dégagement. Il s'agit avant tout de l'expression d'une profonde divergence d'opinion entre les différents protagonistes du projet européen.»