Consentement sexuel en Espagne : 'seul un oui est un oui'
L'Espagne a durci son droit pénal en matière de délits sexuels la semaine passée : en vertu de la nouvelle loi, les rapports sexuels devront être expressément consentis pas toutes les parties. De plus, les agressions seront dorénavant considérées comme des viols même quand la victime ne se défend pas. La ministre chargée de l'Egalité hommes/femmes entend obtenir un changement dans la sexualité en Espagne. Une évolution qui ne fait pas l'unanimité.
Retour aux temps de l'Inquisition
ABC trouve le texte discriminatoire envers les hommes :
«Il revient à établir une présomption de culpabilité pour les hommes et dans une procédure pénale, il inverse l'obligation de fournir des preuves. Un homme va devoir prouver son innocence, chose qui, dans notre système juridique, est inouï et contraire aux principes du droit les plus élémentaires. Tout cela repose sur un endoctrinement général, qui ne retient qu'une seule manière, dévoyée, de penser la sexualité, et entraîne un procès presque maladif, inquisitoire, contre la gent masculine. Le propos n'est pas de banaliser un manque de sensibilité envers les femmes et les violences sexuelles. Il s'agit de dénoncer un texte qui divise le monde en bon et mauvais, de manière manichéenne, à dessein de supprimer la présomption d'innocence pour les hommes.»
La violence sexuelle est un problème structurel
El Periódico de España se réjouit des progrès réalisés par le pays :
«Cette loi est un nouveau pas important pour garantir que la violence sexuelle, dont les femmes sont les premières victimes, soit considérée comme un problème structurel inhérent à l'ensemble de la société. ... La banalisation des mouvements féministes, la tendance croissante à nier les violences - notamment celles faites aux femmes -, ou à affirmer que la protection des femmes reviendrait à persécuter les hommes, explique en grande partie pourquoi, en dépit des progrès accomplis, il est si difficile de changer les choses et de parvenir à une véritable égalité en droits.»
Le féminisme à l'œuvre
Süddeutsche Zeitung évoque la nécessité de légiférer dans ce domaine :
«La politique en a non seulement le droit mais aussi le devoir - et de toute façon, elle a de facto un rôle régulateur. Seulement jusqu'à présent, la sexualisation ou la sexualité est encore en grande partie régie par des règles tacites découlant du pouvoir, et dans le doute, c'est la personne la plus faible, physiquement ou socialement, qui est défavorisée. De plus, l'évolution des mentalités et de la société vers l'égalité ne se fait pas toute seule. ... On le voit en Espagne : l'instrument le plus efficace pour défendre les droits des femmes, mais aussi ceux des personnes LGBTQI et des enfants, est une politique intérieure féministe.»