Echange de prisonniers entre la Belgique et l'Iran
Un échange de prisonniers entre l'Iran et la Belgique fait couler beaucoup d'encre. Le Parlement a ratifié en première lecture un projet d'accord prévoyant d'échanger un diplomate iranien condamné pour terrorisme à Anvers contre des personnes incarcérées en Iran ayant des liens avec la Belgique, notamment un scientifique irano-suédois condamné à mort. La presse pèse le pour et le contre de cet épineux dilemme.
Quand la crise énergétique devient un moyen de pression
Dans cet échange, il n'est pas uniquement question de droits humains, écrit De Morgen :
«Un certain nombre de pays européens plus grands et plus puissants font face à des difficultés dans leur approvisionnement énergétique l'hiver prochain, et ils auraient tout intérêt à pouvoir traiter avec l'Iran. Cela donne à l'Iran une prise pour exiger des contreparties. De ce point de vue, la Belgique a la malchance de détenir quelque chose que le régime iranien convoite : un terroriste condamné. ... Nous sommes donc amenés à devoir avaler des couleuvres, dans l'intérêt général : il s'agit d'un accord extrêmement délicat pour la Belgique, en contrepartie d'une porte de sortie à la détresse énergétique de l'Europe.»
Un vil échange
De Volkskrant condamne l'initiative, estimant qu'il s'agit d'un chantage auquel il ne faut pas céder :
«C'est une forme répréhensible de troc : 'si un des nôtres [un Iranien] est pris en train de commettre un crime, nous ripostons en kidnappant un ressortissant de votre pays'. Et quand la vie d'un innocent est en jeu, c'est très difficile de dire non. ... Ce n'est pas pour rien que les pays occidentaux se sont donné pour règle de ne pas payer de rançon dans le cas de rapts perpétrés par des criminels ou des terroristes. Ce chantage ne fait que multiplier les problèmes. Les régimes qui essaient d'assassiner des gens dans un autre pays commettent une infamie qui ne mérite pas d'être récompensée.»
Un choix cornélien
Dans ce dilemme, aucune alternative n'est satisfaisante, rappelle La Libre Belgique :
«Il ne fait pas de doute qu'Assadollah Assadi, s'il devait bénéficier de ce traité, serait gracié par les autorités iraniennes avant même de poser le pied sur le tarmac de l'aéroport de Téhéran. Il serait reçu en héros et passerait à la télévision. L'Iran considère son agent comme un soldat fidèle dans la lutte contre l'opposition iranienne en exil. Mais la Belgique ne peut pas laisser tomber ses compatriotes - sinon qui d'autre pourrait les protéger ? Face à ce choix cornélien, il n'y a pas de bonnes réponses. Il n'y a que des arrangements. Le mérite de la Belgique est de tenir ce débat dans une grande transparence.»