Zaporija : instrumentalisation de la peur nucléaire
De nouveaux bombardements de la centrale nucléaire de Zaporija, occupée par l'armée russe depuis début mars, suscitent l'inquiétude dans le monde entier. Le président ukrainien, Wolodymyr Zelensky, a dénoncé le risque de catastrophe nucléaire. Selon les médias, la Russie aurait fini par donner son accord à une inspection par des organismes internationaux. La presse européenne essaie de décrypter la situation.
Le chantage aux frappes nucléaire de poutine
Dmitro Toussov, analyste politique pour NV, pense que le président russe brûle ses dernières cartouches :
«Que poutine [en minuscule dans le texte] fera-t-il quand il s'apercevra que ses scénarios ne fonctionnent pas sur le terrain, et qu'il est sur le point de perdre la guerre, lui qui est si grand et si redoutable ? Car la guerre en Ukraine, il est en train de la perdre. poutine tablait sur une annexion façon Anschluss [comme celle de l'Autriche en 1938], acclamée par des admirateurs inconditionnels du monde russe qui lui auraient lancé des bouquets de fleurs, des larmes d'émotion dans les yeux. Dans aucune des régions d'Ukraine ce plan n'a fonctionné. Que poutine fera-t-il quand il reconnaîtra son échec ? ... poutine a l'intime conviction qu'en jouant sur la menace nucléaire, il peut pousser l'Occident à mettre fin à ses livraisons d'armes à l'Ukraine.»
En position de faiblesse, les Russes sont dangereux
Selon Spotmedia, les hostilités autour de la centrale nucléaire de Zaporija en disent long sur le désarroi des Russes :
«N'ayant plus aucune menace à brandir, ils se retranchent, apeurés, dans la centrale de Zaporija. Cela illustre leur exaspération, et prouve qu'ils n'ont pas de plan d'attaque pour relancer l'offensive contre l'Ukraine. Autre conclusion qui fait froid dans le dos : ils sont prêts à recourir à l'option nucléaire pour ne surtout pas essuyer une défaite. Ils entendent organiser le plus rapidement possible un référendum d'annexion des territoires occupés et de les incorporer à la Russie, pour ensuite faire du chantage à l'Ukraine en la menaçant de frappes nucléaires tactiques, justifiées par des incursions ennemies en territoire russe.»
Un machiavélisme style KGB ?
La Stampa doute :
«Le président Zelensky, toujours en quête de mots forts pour agrémenter ses sermons du soir à la nation - et au monde -, a dénoncé le 'terrorisme nucléaire russe'. ... Mais la logique inciterait plutôt à douter des accusations selon lesquelles la centrale serait depuis longtemps occupée par des soldats russes. Il semblerait pour le moins étrange qu'ils puissent être pernicieux ou diaboliques au point de bombarder leurs propres installations. Un machiavélisme criminel style KGB ? Peut-être. Mais ils déclencheraient une catastrophe dont ils seraient eux-mêmes les premières victimes.»
Bouclier dissuasif et approvisionnement énergétique
De Volkskrant tente d'évaluer l'importance de la centrale nucléaire dans les plans de Moscou :
«On ne sait pas encore clairement qui est l'auteur des tirs, mais une chose est sûre : les troupes russes se servent de la centrale comme d'un bouclier dissuasif, derrière lequel ils se retranchent pour lancer des attaques contre les Ukrainiens. ... Pour Moscou, la centrale est vitale pour approvisionner en électricité les régions qu'elle occupe le long de la côte méridionale. Moscou envisage un référendum visant à annexer la province de Zaporija. Ce serait une grave violation du droit international, qui attiserait encore plus les tensions autour de la centrale nucléaire.»